Le Parlement italien a rejeté mercredi une motion réclamant la démission d'un ministre proche de Silvio Berlusconi grâce à l'abstention de dissidents de droite emmenés par Gianfranco Fini, éloignant provisoirement le risque d'une chute du gouvernement et d'élections anticipées.

La motion de censure a été rejetée par 299 «non» (du Peuple de la Liberté de Berlusconi et son allié de la Ligue du Nord) et 75 abstentions (dissidents du PDL et centristes), 229 députés de l'opposition de gauche notamment du Parti démocrate votant en revanche «oui». Le résultat du vote a été accueilli par de faibles applaudissements.

Lors du vote, M. Berlusconi n'a pas échangé un seul regard avec son ex-allié Gianfranco Fini, président de la Chambre, qui a rompu de façon spectaculaire la semaine dernière avec le président du Conseil au terme de 16 ans d'alliance.

Suite au divorce des co-fondateurs, 33 députés partisans de M. Fini ont claqué la porte du PDL pour former Futur et Liberté pour l'Italie (FLI), affaiblissant la majorité au pouvoir. Scénario similaire au Sénat où les rebelles ont formé un groupe de 10 parlementaires.

Un vote du FLI en faveur de la motion de censure contre Giacomo Caliendo aurait entraîné une grave crise gouvernementale. L'opposition de gauche réclamait son départ pour son appartenance présumée à une organisation secrète, la P3, qui cherchait à influencer les nominations dans les hautes sphères.

Lors du débat très animé qui a précédé le vote, les fidèles de Berlusconi ont scandé son nom et celui de son allié Umberto Bossi, chef de la Ligue du Nord, parti populiste désormais partenaire indispensable après la défection des «Finiens» qui prive le Cavaliere de sa majorité absolue à la Chambre.

«C'est un signe que nous résistons et que nous n'irons pas aux urnes immédiatement», a commenté M. Bossi. Même si M. Berlusconi, au pouvoir depuis deux ans, a brandi à plusieurs reprises ces derniers jours la menace d'élections anticipées.

Pour l'un des ténors du PD, Dario Franceschini, ce vote montre que Berlusconi n'a plus qu'une «majorité relative qui devra conquérir des votes au cas par cas», soit «une preuve dramatique de faiblesse» dans la perspective d'un éventuel scrutin avant la fin de la législature (2013).

En réalité, c'est le statu quo qui risque de prévaloir au moins dans un premier temps, selon Sergio Romano, ancien ambassadeur et éditorialiste au Corriere della Sera. «Maintenant que tout le monde se retrouve au bord du précipice, la tendance sera probablement de faire baisser la tension», explique-t-il à l'AFP.

«Personne n'a intérêt à des élections dans l'immédiat», estime M. Romano, en notant que la Ligue verrait sinon s'évanouir son rêve de fédéralisme fiscal (maintenir dans les régions prospères du Nord les impôts qu'elles génèrent) et que Berlusconi pourrait encore chuter dans les sondages, l'instabilité politique risquant d'aggraver les difficultés économiques.

En outre, rappellent les commentateurs, Berlusconi n'a pas la faculté de dissoudre le Parlement et de convoquer des élections, la décision appartenant au président Giorgio Napolitano qui pourrait au préalable lancer des consultations pour une nouvelle majorité, ce qui éloignerait d'autant l'hypothèse d'un scrutin.

Pour Berlusconi, la marge de manoeuvre est très réduite car les «Finiens» entendent soutenir le gouvernement sur les projets conformes à la plateforme électorale d'avril 2008, mais veulent négocier sur tout le reste y compris les textes pouvant éviter à Berlusconi de nouveaux ennuis judiciaires.

En attendant, Berlusconi passera le mois d'août dans le château de Tor Crescenza près de Rome, à remettre en ordre de marche son parti et à resserrer des liens distendus avec son ministre de l'Economie Giulio Tremonti, dont le nom circule pour diriger un gouvernement de transition si celui de Berlusconi devait tomber.