Le président Nicolas Sarkozy a déclaré vendredi «la guerre» aux délinquants et annoncé un durcissement de sa politique de sécurité et d'immigration, suscitant la critique de l'opposition qui dénonce des amalgames entre étrangers et délinquance.

Nicolas Sarkozy a réitéré sa volonté de livrer «une guerre nationale» contre les «voyous et trafiquants» dans un discours musclé à Grenoble (centre-est), théâtre récent de trois nuits de violences après la mort d'un malfaiteur au cours d'une fusillade avec la police. Au cours de ces violences, des policiers avaient été la cible de tirs à balles réelles.

Mesure la plus spectaculaire, le chef de l'État a demandé que la nationalité française puisse «être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte» à la vie d'un policier ou d'un gendarme.

Actuellement, la déchéance de nationalité -après l'avoir acquise par naturalisation- est limitée à des cas exceptionnels, comme le terrorisme. Le gouvernement veut déjà faire évoluer le droit pour y inclure la polygamie.

Pour Serge Slama, membre du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), ce recours à la déchéance est «symboliquement regrettable» mais «ne devrait concerner que quelques personnes».

Le président a également souhaité «que l'acquisition de la nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique».

«C'est un retour aux débats enflammés sur le code de la nationalité des années 80-90», a commenté M. Slama.

Nicolas Sarkozy a aussi promis que «l'instauration d'une peine de prison incompressible de 30 ans pour les assassins de policiers ou de gendarmes (serait) discutée au Parlement dès la rentrée».

Ce regain d'intérêt du chef de l'État pour le thème de la sécurité, qui a participé à son succès à la présidentielle de 2007, remonte à quelques mois. Après des élections régionales catastrophiques pour la droite en mars, il est revenu à quelques uns de «ses fondamentaux» en vue de la préparation de la présidentielle de 2012.

Actuellement gêné par une affaire politico-fiscale dans laquelle est mis en cause son ministre du Travail Eric Woerth, chargé de mener la cruciale réforme des retraites, et au plus bas dans les sondages, M. Sarkozy veut rebondir en s'appuyant sur des enquêtes montrant que la délinquance reste une forte préoccupation des Français.

Cette semaine, le gouvernement a déjà annoncé un durcissement de sa politique de démantèlement des camps illégaux de Roms d'Europe centrale.

«Nous devons mettre un terme aux implantations sauvages de campements Roms. Ils constituent des zones de non-droit qu'on ne peut tolérer», a répété vendredi Nicolas Sarkozy.

Il a aussi souhaité qu'on «évalue les droits et prestations auxquelles ont aujourd'hui accès les étrangers en situation irrégulière». Il pourrait s'agir de remettre en cause l'aide médicale gratuite accordée aux sans-papiers, considérée pourtant comme une question de santé publique.

«Faire un discours sur la délinquance uniquement centré sur une question de retrait de nationalité, sur l'immigration, après avoir tenu une réunion sur les gens du voyage et sur les Roms, c'est l'assimilation des étrangers et des personnes d'origine étrangère à la délinquance», s'est indigné la Ligue des droits de l'Homme (LDH).

L'opposition socialiste a reproché à M. Sarkozy de «parler pour faire oublier son échec» sur la sécurité depuis 2002, comme ministre de l'Intérieur puis comme président, en soulignant le chef de l'État était «responsable de la suppression de 11.000 postes de policiers et gendarmes depuis 2007.

«Un État de droit ne fait pas la guerre, pas plus au terrorisme qu'aux criminels», a commenté l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, rival de Nicolas Sarkozy.