Le rival de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, lance aujourd'hui son mouvement politique devant des milliers de partisans. Événement hautement symbolique, prélude probable à sa candidature à la présidence française en 2012, nous explique notre collaborateur.

Dominique de Villepin n'a pas lésiné sur les symboles. C'est un 19 juin, au lendemain du 70e anniversaire du célèbre appel du général de Gaulle au micro de la BBC que l'ancien premier ministre de Jacques Chirac a décidé de lancer son propre mouvement politique.

 

Un pas de plus vers une candidature de Villepin à la présidentielle de mai 2012. Pour imposer «une certaine idée de la France» face à Nicolas Sarkozy. Éventuellement pour faire battre ce président qui avait promis de «le faire pendre à un croc de boucher».

C'est aujourd'hui, dans un austère bâtiment industriel désaffecté du 13e arrondissement de Paris que de Villepin doit esquisser le programme et dévoiler le nom de son nouveau parti devant plusieurs milliers de partisans: au moins 3000, estiment les observateurs. Peut-être bien davantage: l'effondrement persistant dans les sondages du président Sarkozy a eu pour effet mécanique de faire remonter à la surface un Dominique de Villepin qui avait quitté le pouvoir en mai 2007 en piteux état et dans un isolement complet.

Révélé à la France et au monde entier le 14 février 2003 par son flamboyant discours contre la guerre en Irak devant le Conseil de sécurité, de Villepin, devenu premier ministre en juin 2005, avait pris les dimensions d'un candidat naturel à la succession de Chirac. Du haut de son mètre 90, poète et athlétique, il paraissait soudain écraser Nicolas Sarkozy, candidat déclaré à la présidence. Et puis, sur un projet malencontreux de «Contrat première embauche» qui avait provoqué une véritable insurrection des étudiants, il s'était définitivement effondré au printemps de 2006.

Depuis son acquittement en janvier dernier dans la ténébreuse affaire Clearstream, où Sarkozy l'accusait d'avoir monté une conspiration calomnieuse contre lui, de Villepin a sans conteste repris du poil de la bête - même si le procès en appel prévu au printemps 2011 reste une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête.

Il sillonne la France profonde des campagnes, mais aussi les banlieues «sensibles» où Sarkozy n'ose plus mettre les pieds. Lui qui ne s'est jamais présenté à la moindre élection au suffrage universel, le voilà en campagne permanente. Un retour sur le devant de la scène qui de toute évidence agace Sarkozy.

Le soutien de Chirac?

Dans la meilleure des hypothèses, les troupes villepinistes n'ont jamais dépassé la petite dizaine de députés. Le président s'est déjà débrouillé pour en séduire deux en échange d'un poste au gouvernement. En début de semaine, il en a invité quatre autres à venir le rencontrer à l'Élysée, où il aurait joué de la carotte et du bâton. Depuis toujours intime de Chirac, de Villepin avait au grand jour déjeuné fin février avec l'ancien président, devenu à 77 ans l'homme politique le plus populaire du pays.

Nicolas Sarkozy s'est empressé lundi dernier d'inviter le couple Chirac dans un restaurant parisien. Pas question de laisser croire que l'ancien président «gaulliste» accorde son soutien à de Villepin.

Pour l'instant, les sondages n'accordent que 8% à Dominique de Villepin. C'est peu. Mais c'est déjà un début de crédibilité pour un guerrier sans troupes, qui paraissait fini, face à l'écrasante machine de l'UMP, le parti présidentiel. Et ce serait suffisant, le cas échéant, pour nuire gravement à une candidature Sarkozy en mai 2012.

 

Contre «l'islamisation de la France»

Plusieurs centaines de personnes, 800 selon la police, ont manifesté hier soir dans le centre de Paris pour protester contre l'interdiction d'un apéro géant «saucisson et pinard» et dénoncer «l'islamisation de la France». Les manifestants répondaient à l'appel d'une vingtaine d'organisations laïques et d'extrême droite, dont Riposte laïque et Le bloc identitaire. Ils s'étaient repliés en haut de l'avenue des Champs-Élysées, zone très touristique, après l'interdiction par les autorités de l'apéritif qu'ils comptaient organiser initialement dans le quartier populaire multiethnique de la Goutte d'Or, dans le nord de Paris, connu pour abriter une des mosquées les plus fréquentées de Paris.

-AFP