Le groupe indépendantiste basque armé ETA s'est déclaré dimanche «disposé» au «changement», en réponse aux appels croissants de son aile politique pour un arrêt de la violence, mais s'est abstenu, une nouvelle fois, d'annoncer un dépôt des armes effectif.

Le Parti socialiste (PSOE) au pouvoir et son principal concurrent le Parti populaire (PP, droite) ont estimé, chacun de leur côté, que ce communiqué -qui ne fait aucune mention de la mort, mardi, d'un policier français par des membres présumés de l'ETA- «n'apportait absolument rien» de neuf.

«L'ETA (...) manifeste sa disposition à faire les avancées nécessaires sur le chemin du changement politique, dans l'espace qui lui correspond», selon un extrait du communiqué en langue basque, traduit en espagnol et publié par le journal indépendantiste basque Gara.

Le groupe considéré comme terroriste par l'Union européenne, souligne sa «volonté de résoudre le conflit» basque et de parvenir à une «solution consensuelle» pour que les citoyens basques puissent décider de leur avenir.

Cette mise au point semble répondre à la multiplication des prises de position pour un arrêt de la violence, au sein de son ex-vitrine politique, Batasuna.

Les militants de ce mouvement, interdit depuis 2003 par la justice espagnole, ont appelé à la mi-février à un «processus démocratique (...) en l'absence totale de violence».

«On dit que ce processus démocratique doit se dérouler sans aucun type de violence. (...) C'est à dire sans activité armée de l'ETA et en même temps, sans violence ni ingérence de l'État» espagnol, avait expliqué un de ses dirigeants historiques, Rufino Etxeberria.

L'emblématique Arnaldo Otegi, ancien porte-parole de Batasuna, actuellement en prison, avait lui-même estimé, dans une conversation privée début mars, que l'ETA n'avait d'autre choix que de rejoindre un processus sans violence, selon le journal El Mundo.

Pour le quotidien El Pais, l'ETA a lancé, dimanche, «un signe évident» aux militants de Batasuna «marginalisés» depuis la fin de sa dernière trêve en juin 2007.

Le groupe armé ne fait pourtant aucune mention, dans son communiqué, d'un dépôt des armes. Il y réaffirme au contraire sa volonté de continuer à «lutter fermement pour le Pays basque».

«Nous n'arrêterons pas avant d'atteindre la liberté», selon un des extraits publiés par Gara, journal basque qui reçoit habituellement les communiqués de l'ETA.

Dans sa précédente déclaration, à la mi-janvier, l'organisation clandestine mettait l'accent sur l'importance de la «lutte politique» mais, là encore, sans mentionner un arrêt de la violence.

Le gouvernement socialiste exige de l'ETA qu'il dépose les armes unilatéralement et sans condition, tout comme l'ensemble des partis espagnols.

Un responsable des conservateurs du PP, Esteban Gonzalez Pons a estimé dimanche que la déclaration était sans valeur et que l'ETA «ne communiquait qu'avec les bombes, les balles et le sang».

Un dirigeant de la branche basque du PSOE, Inaki Arriola a déclaré que l'unique annonce attendue de l'ETA était «sa disparition une bonne fois pour toute».

Un policier français a été tué, mardi dans la région parisienne, par des membres présumés de l'ETA, lors d'une fusillade. Il s'agit de la première victime de l'organisation basque parmi les forces de l'ordre françaises.