Les évêques italiens ont lancé un cri d'alarme contre la mafia, un «cancer» enraciné dans tout le territoire malgré les «défaites» que lui a infligées l'État, dans un document dont l'AFP a eu connaissance jeudi.

La criminalité organisée est «une des plaies les plus profondes» du Sud, «un véritable cancer», que «nous condamnons avec force», affirme la Conférence épiscopale italienne dans ce document d'un peu moins de 20 pages intitulé: «Pour un pays solidaire, église italienne et Mezzogiorno».

Pour elle, «la criminalité organisée ne peut pas et ne doit pas dicter le rythme de l'économie et de la politique méridionales, devenant le lieu privilégié de tout type de médiation».

«Le contrôle mafieux du territoire conduit de fait à une forte limitation, sinon à l'annulation, de l'autorité de l'État», favorisant «l'augmentation de la corruption, de la collusion et de la concussion, modifiant le marché du travail, manipulant les appels d'offres (...) contaminant le territoire national tout entier», note-t-elle.

Elle met discrètement en cause la classe politique, évoquant sans s'appesantir des «inadéquations» au sein «des classes dirigeantes».

«Durant ces 20 dernières années, les organisations mafieuses, qui se sont implantées dans tout le territoire» ont emprunté «les techniques et les méthodes du capitalisme le plus en pointe» en conservant toutefois «les formes archaïques et violentes de contrôle du territoire et de la société», observent les évêques.

Selon eux, il existe encore «une culture qui leur permet de se régénérer même après les défaites que leur a infligées l'État à travers l'action des forces de l'ordre et de la magistrature».

Ils relèvent toutefois que la mafia n'a pas le monopole de l'économie illégale, évoquant notamment «l'usure, l'extorsion, l'évasion fiscale, le travail au noir», ce qui «révèle une absence de sens civique».

Face à ce problème, qu'ils avaient déjà dénoncé il y a 20 ans dans un autre document, les évêques appellent à la «solidarité nationale» et au «sens civique».