La nouvelle chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a plaidé lundi pour que l'UE joue un plus grand rôle dans le monde tout en restant vague sur ses intentions, ce qui lui a valu des critiques parfois cinglantes lors d'une audition devant les députés européens.

Même si au bout du compte la confirmation de Mme Ashton au poste de Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et de vice-président de la Commission européenne ne soulève guère de doute, de nombreux députés ne cachaient pas leur déception à l'issue de l'audition de la baronne travailliste britannique.

«Il n'y a pas de raison de s'enthousiasmer. Elle n'a pas de visions pour le poste», a commenté l'eurodéputé conservateur allemand Elmar Brok, soulignant néanmoins que son groupe, le plus important du Parlement européen, allait soutenir l'investiture de Mme Ashton.

Les socialistes devraient également apporter leur soutien à la commissaire issue de leur camp.

Les Verts, les libéraux et les représentants de la gauche radicale se sont montrés plus critiques, alimentant les interrogations au sujet de la nomination à la tête de la diplomatie de l'UE d'une personnalité sans expérience dans ce domaine.

Mme Ashton a «laissé entrevoir quelques lacunes», a estimé l'eurodéputé Verte Franziska Brantner.

Le libéral allemand Alexander Lambsdorff s'est amusé quant à lui de ce que Mme Ashton ait parlé des «forces de l'UE en Afghanistan» alors que seuls quelques États européens y sont engagés, et a critiqué son manque d'ambition générale: «Nous voulons plus pour vous que vous voulez vous-même», l'a-t-il interpellée.

Plaidant pour une Europe «plus crédible», Mme Ashton a souhaité que la voix de l'UE «soit entendue» dans le monde.

Elle est néanmoins restée floue sur les sujets les plus brûlants comme l'Afghanistan ou la situation au Proche-Orient. Elle a estimé qu'il était «absolument vital» de progresser dans les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens sans entrer dans les détails.

Elle a promis de se rendre dans la région mais a précisé que sa première visite officielle serait à Washington. Mme Ashton a été un peu plus spécifique sur l'Iran en estimant que Téhéran avait fait «des erreurs» et en n'excluant pas des sanctions s'il persiste dans son refus de coopérer avec la communauté internationale sur son programme nucléaire controversé.

«Si ce pays veut être traité comme je crois que son histoire, sa géographie et son peuple le méritent, il doit travailler avec nous», a-t-elle dit.

Elle a récusé son passé de militante pacifiste anti-nucléaire dans les années 1980 en expliquant que «ce qui était significatif dans les années 1970 n'est plus significatif en 2010».

Et Mme Ashton a exprimé clairement son scepticisme au sujet de la création d'un quartier général militaire européen à Bruxelles, idée qu'appuie sans succès la France depuis des années, mais que rejette son pays, le Royaume-Uni.

«En ce qui concerne une structure de commandement unique (pour les forces européennes), je reste à convaincre», a-t-elle répondu.

Beaucoup de parlementaires s'étaient étonnés lors de sa nomination qu'une Britannique, venant d'un pays viscéralement eurosceptique et très réticent à l'égard de la défense européenne commune, occupe ce poste.

Si elle est confirmée, Catherine Ashton, restera cinq ans en poste. Elle pourra s'appuyer sur un budget confortable et un nouveau service diplomatique européen encore à mettre sur pied de plusieurs milliers de personnes, provenant de la Commission, du secrétariat du Conseil de l'UE et des États nationaux.