Le gouvernement français a annoncé lundi qu'il avait résilié les commandes de 50 millions de doses de vaccins, au milieu d'une polémique sur sa gestion des vaccins contre la grippe H1N1.

«Ces commandes n'avaient été ni livrées, ni payées, elles sont donc résiliées», a précisé en soirée la ministre de la Santé Roselyne Bachelot sur la chaîne de télévision privée TF1.

Compte tenu du montant total des doses commandées - 712 millions d'euros - «cela fait une économie de plus de la moitié», a indiqué Mme Bachelot.

Même si aucun parti politique n'a remis en cause le principe de précaution, plusieurs formations, dont le Parti socialiste (PS, opposition) ou le Nouveau centre (NC, allié du parti présidentiel), ont demandé une enquête parlementaire pour faire le bilan de cette campagne de vaccination.

Dimanche il avait été révélé que la France avait commencé à écouler ses surplus de vaccins à l'étranger pour en alléger la facture.

Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait le monde en état de pandémie en juin, la France avait commandé à l'été 94 millions de doses de vaccins, selon le ministère de la Santé qui tablait au départ sur une double injection par personne.

Mais il est apparu qu'une dose suffisait et seules quelque 5 millions de personnes ont été vaccinées dans le pays où la campagne a suscité peu d'enthousiasme et rencontré des difficultés logistiques.

Lundi soir Mme Bachelot a expliqué à propos des doses commandées au laboratoires que «si c'était à refaire, je referais exactement la même chose».

La ministre s'est défendue d'en faire «trop ou pas assez». «Cette grippe a tué 18 personnes ce week end, en trois jours, en particulier des personnes qui n'avaient aucun facteur de risque», a-t-elle lancé.

Selon elle, la vente des vaccins aux autres pays sera «marginale» au regard de la résiliation des commandes.

À gauche, le PS a reproché au gouvernement d'avoir été la «victime consentante» des laboratoires pharmaceutiques. Ce sont les «grands vainqueurs dans cette affaire», a accusé son porte-parole Benoît Hamon qui dénonce également «une campagne anxiogène».

Au sein même du parti présidentiel UMP, le député Bernard Debré, professeur de médecine, a vilipendé le «principe absurde, poussé à l'extrême, de précaution», estimant que le coût du plan vaccination était supérieur au «déficit de tous les hôpitaux français».

Mieux vaut une «polémique parce qu'on en fait trop qu'une polémique parce qu'on en fait pas assez», a répondu le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre.

Signalé pour la première fois fin mars au Mexique, le virus H1N1 a atteint son pic en décembre dans l'hémisphère nord, selon l'OMS, mais s'avère pour le moment moins meurtrier que redouté. Fin décembre, il avait causé 12.200 décès dans le monde, dont 198 comptabilisés en France (hors outre-mer).

Critiqués, plusieurs laboratoires - dont le britannique GlaxoSmithKline ou Sanofi Pasteur (division vaccins du français Sanofi-Aventis) -, qui ont dopé leurs ventes en 2009 grâce à ce vaccin, se sont dits prêts à rediscuter leurs contrats.