«Secteur stratégique» pour la France et partie intégrante de son «identité nationale», l'agriculture en crise, confrontée à la chute des prix, va recevoir une aide de 1,65 milliard d'euros, a annoncé mardi le président Nicolas Sarkozy.

«Je suis venu vous proposer un plan sans précédent de soutien exceptionnel pour notre agriculture qui comprend un milliard de prêts bancaires et 650 millions d'euros de soutien exceptionnel de l'État», a dit le président français. Il a précisé que le taux d'intérêt des prêts serait réduit à 1,5%, voire 1% pour les jeunes agriculteurs. Les campagnes françaises traversent une crise «sans précédent», selon le président français, qui avait choisi de s'exprimer à Poligny, dans l'est, un haut-lieu de la production de fromage Comté.

Le secteur laitier est le dernier en date dans l'agriculture française à être frappé par une chute des revenus. Avant lui, les producteurs de fruits et légumes s'étaient plaints l'été dernier de ne pouvoir soutenir la concurrence d'autres pays.

Selon Nicolas Sarkozy, les prix à la production agricole ont reculé de 20% en un an, tandis que les prix à la consommation des produits alimentaires baissaient de 1%. «Cet écart est inacceptable», a déclaré Nicolas Sarkozy.

La France est la première puissance agricole d'Europe. Elle est aussi la principale bénéficiaire de la Politique agricole commune (PAC) de l'UE.

La Commission européenne a fait savoir mardi qu'elle attendait «les détails» du plan français pour voir s'il respecte ou non les règles de concurrence européennes.

Pour Nicolas Sarkozy, Bruxelles doit aussi prendre une initiative pour garantir «une véritable régulation» du prix des matières premières agricoles.  Dans la crise du lait, qui agite l'agriculture européenne, la France milite pour une régulation plus étroite de la production et des prix.

Selon le président français, la crise des campagnes françaises «révèle un défaut de régulation européenne et mondiale et une défaillance nationale réelle dans la répartition de la valeur au sein des filières agricoles».

L'aide annoncée mardi doit permettre à chaque agriculteur d'assainir sa situation de trésorerie et d'investir.

Mais les agriculteurs français doivent, en contrepartie de cette aide, adapter leurs méthodes de production. «L'État est avec vous, nous allons vous aider, mais vous devez modifier un certain nombre de failles dans votre organisation», a-t-il dit, appelant au regroupement des producteurs.

Le principal syndicat agricole français, la FNSEA, a approuvé la démarche du président français. «Ce plan va dans le bon sens mais jamais un plan aussi important soit-il ne remplacera une politique des prix pour assurer un bon revenu à nos paysans», a déclaré son président, Jean-Michel Lemétayer.

L'opposition a dénoncé un plan de «court terme» ou un discours «populiste très éloigné de son action depuis deux ans».

Nicolas Sarkozy a par ailleurs relié ce soutien à l'agriculture au thème politique que vient de relancer le gouvernement, celui de l'«identité nationale», dont il faudrait débattre et qu'il faudrait redéfinir à l'aune des vagues successives d'immigration.

«Le mot terre a une signification française et j'ai été élu pour défendre l'identité nationale française», a-t-il lancé.

Le monde paysan français avait exprimé sa colère, le 16 octobre, lors d'une journée d'action nationale.

Le nombre des agriculteurs ne cesse de diminuer en France, ce qui accentue le malaise des campagnes. Le président français a noté que le secteur employait environ 1,6 millions d'actifs.