Un Gordon Brown victorieux a déclaré la Grande-Bretagne en avance sur le reste du monde pour son programme de vaccination cette semaine. Le pays ayant été durement touché, avec 122 morts, l'arrivée des vaccins a été accueillie avec soulagement. Mais aussi avec beaucoup de confusion et d'inquiétude, notamment chez les femmes enceintes.

Le gouvernement britannique n'y est pas allé de main morte pour ses provisions de vaccins: 132 millions de doses de Pandemrix et de Celvapan. Un nombre suffisant pour vacciner deux fois l'ensemble de la population.

 

La première phase de la vaccination a démarré en grande pompe mercredi dernier. Objectif: l'inoculation de 11 millions de personnes à risque, soit les femmes enceintes, les personnes souffrant de diverses maladies et le personnel hospitalier.

«Les premiers volontaires font preuve de leadership, ils envoient le bon message», a affirmé le ministre de la Santé, Andy Burnham, mercredi dernier à l'hôpital University College London.

Quelques poches de résistance font toutefois craqueler le vernis du consensus face au vaccin. Pas moins de 47% des infirmières n'ont pas l'intention de se faire immuniser, selon un sondage du Nursing Times. Les directeurs d'hôpitaux prévoient la participation de seulement 20% de leurs effectifs médicaux. L'efficacité et la sécurité du vaccin sont en cause.

Du côté des femmes enceintes, la confusion règne, comme en fait foi le populaire site parental Mumsnet. Une discussion en ligne cette semaine a révélé une grande inquiétude chez les futures mères.

«Je suis tellement déchirée, écrit «louii», une femme enceinte depuis 25 semaines. Jusqu'à la semaine dernière, il n'était pas question que je me fasse vacciner. Maintenant, je ne sais plus quelle résolution prendre.»

L'objet de cette angoisse? Les adjuvants à base de squalène présents dans le Pandemrix, produit par GSK. Les effets secondaires de ces ingrédients, dont la fonction est de stimuler le système immunitaire, sont encore peu connus sur les futures mères. L'Organisation mondiale de la santé a suggéré l'été dernier qu'elles devraient les éviter dans la mesure du possible.

Par ailleurs, les États-Unis n'ont toujours pas approuvé l'usage de vaccins avec adjuvants.

Or, la Grande-Bretagne a commandé deux fois plus de Pandemrix que de Celvapan, sans adjuvant. Sur le site Mumsnet, qui compte un million d'usagers par jour, une participante nommée «laurawantsababy» a soumis une pétition au gouvernement exigeant un plus grand accès au Celvapan pour les femmes enceintes. Elle a été rejetée.

«Je pense sérieusement me rendre aux États-Unis pour éviter une injection avec des adjuvants», écrit «oremstango».

Cette «panique» est injustifiée, selon un expert en conception de vaccin, Tarit Mukhopadhyay. «Je comprends que les futures mères aimeraient avoir un «oui» ou un «non» catégorique sur les risques du Pandemrix, dit le professeur de l'Univeristy College London. Toutefois, plus de 40 000 personnes ont été testées avec succès et il n'y a aucune raison pour que les femmes enceintes soient plus vulnérables au vaccin.»