Le gouvernement français fait face à une véritable levée de boucliers en raison de sa volonté déclarée de renvoyer en Afghanistan, par vols nolisés, des dizaines d'immigrants illégaux appréhendés lors d'une opération coup-de-poing à Calais, dans le nord de la France.

Il y a deux semaines, les forces de l'ordre ont démantelé «la jungle», un camp de fortune où séjournaient des centaines de jeunes hommes qui espéraient traverser la Manche pour s'installer en Grande-Bretagne.

De nombreuses opérations ont été menées depuis, loin des caméras. «Il y en a tout le temps. Encore hier, un autre squat a été démantelé... La pression sur les migrants est énorme. Et ils n'ont aucun endroit où aller», dénonce Martine Devries, médecin généraliste de Médecins du monde qui leur offre un soutien médical et sanitaire.

Pas d'accès à l'eau

La pression n'est pas que policière, dit-elle, puisque les autorités locales ont aussi fermé le dernier point d'eau public où ils pouvaient se laver. Plusieurs des migrants devront se rabattre, comme ils le faisaient par le passé, sur l'eau d'évacuation provenant d'une usine chimique voisine.

«Qu'est-ce que ça peut bien faire qu'il n'y ait plus d'eau puisqu'il n'y a plus de migrants?» demande, sarcastique, la militante, qui s'indigne à l'idée que des ressortissants afghans arrêtés au cours des dernières semaines puissent être renvoyés dans leur pays d'origine à bord de vols nolisés.

«Est-ce que l'Afghanistan est un pays en paix? Ils se foutent du monde... Le gouvernement se conduit comme un bandit qui ne respecte pas les lois», dit-elle.

Après avoir nié que de tels vols étaient envisagés, le ministre de l'Immigration, Éric Besson, a confirmé mercredi que le gouvernement souhaitait affréter des appareils pour procéder à des expulsions.

Les associations d'aide aux migrants, comme la CIMADE, affirment qu'une telle démarche serait illégale. D'autant plus que les conditions sécuritaires en Afghanistan ne cessent de se dégrader.

La vaste majorité des ressortissants arrêtés dans la jungle de Calais ont été relâchés sur ordre des tribunaux, notamment parce que plusieurs étaient mineurs. Les autres ont été placés dans des centres de rétention.

Selon Mme Devries, l'opération en cours ne changera rien: «Dès qu'ils vont relâcher la pression, les migrants vont revenir dans la ville.»

«L'Europe élève des murailles. C'est un choix politique, mais les murailles, elles vont devoir être de plus en plus hautes. Les gens sont désespérés, ils ne vont pas cesser de venir», ajoute-t-elle.

Le point de vue de Mme Devries est loin de faire consensus en France, où la question de l'immigration demeure un sujet très délicat.

En témoignent notamment les commentaires de lecteurs à la suite d'un texte du journaliste du Figaro Ivan Rioufol, qui presse le ministre de l'Immigration de resserrer les contrôles en matière d'immigration.

Sous le pseudonyme de Zébulon, un lecteur s'inquiète notamment de voir que le paysage de Paris «se transforme à vue d'oeil: «Mon bon vieux quartier bien parisien... De plus en plus de burqas, de voilées qui poussent leurs poussettes... Des boucheries hallal, partout, à tous les coins de rue... Overdose, nausée! Où suis-je?» demande-t-il.