Les enquêteurs russes n'ont trouvé que du bois à bord de l'Arctic Sea, a assuré mardi Moscou, démentant la présence d'armes destinées à l'Iran, sans dissiper toutes les zones d'ombre sur l'épopée de ce navire disparu en mer Baltique et retrouvé au large de l'Afrique.

«Les enquêteurs examinent en détails la cargaison du bateau: du bois de sciage. Aucune autre marchandise que celle qui a été déclarée n'a été trouvée jusqu'à maintenant», a indiqué le comité d'enquête du parquet dans un communiqué. Les investigations se poursuivent à bord du bateau libéré avec son équipage russe à la mi-août par la marine russe au large du Cap-Vert, dans l'Atlantique, après avoir été capturé par huit pirates actuellement en détention provisoire à Moscou.

Plus tôt dans la journée, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a démenti que l'Arctic Sea convoyait des missiles sol-air russes S-300 vers l'Iran, comme l'ont affirmé plusieurs médias.

Cette information est «absolument fausse», a déclaré M. Lavrov, promettant que l'enquête serait «transparente» dans cette affaire à multiples rebondissements.

De son côté, la porte-parole du président russe, Natalia Timakova, a estimé que toutes les hypothèses sur la cargaison de l'Arctic Sea avant la fin de l'enquête n'étaient que des «conjectures».

Dans sa dernière édition, le journal britannique Sunday Times, citant des sources russes et israéliennes, a affirmé que les services secrets israéliens pourraient avoir organisé une prise d'otages après avoir appris que le navire transportait des missiles sol-air S-300 à destination de l'Iran.

Vendredi, le quotidien Salzburger Nachrichten, citant des «sources israéliennes bien informées et ayant de bons contacts avec les services secrets occidentaux», affirmait déjà que le cargo transportait des missiles sol-air S-300 pour l'Iran, expédiés par un groupe mafieux russe.

Informés d'un contrat douteux avec l'Iran, les services secrets d'un pays occidental auraient révélé l'affaire aux services secrets russes, avant que Moscou ne déploie de grands moyens pour intercepter le cargo, selon le quotidien autrichien.

Aux yeux de l'expert militaire russe Alexandre Golts, «il n'y a aucun fait pour confirmer ces affirmations qui relèvent du domaine des romans policiers ou d'aventure».

Du même avis, l'expert Pavel Felgenhauer, considère que les missiles S-300 «très grands, pesant des centaines de tonnes» et nécessitant des grues pour les transporter, étaient «impossibles» à cacher dans un cargo comme l'Arctic Sea.

Toutefois, «c'est une histoire extrêmement louche avec des tonnes de mensonges», relève M. Felgenhauer.

«Tout est étrange, je ne comprends pas ce qui s'est passé» avec l'Arctic Sea qui navigue actuellement vers Novorossiïsk, port russe de la mer Noire, où il est attendu d'ici à la fin de la semaine.

Aucune explication n'a été donnée jusqu'ici par les enquêteurs russes sur les raisons du détournement du navire capturé le 24 juillet dans les eaux suédoises et libéré trois semaines plus tard au large de l'Afrique, après avoir mobilisé une vingtaine de pays pour le retrouver.

Le rédacteur en chef du bulletin maritime Sovfrakht, Mikhaïl Voïtenko, qui avait révélé la mystérieuse disparition du bateau, a affirmé il y a quelques jours être «sûr» que l'État russe jouait un rôle central dans le mystère entourant ce navire.

Cet expert maritime réputé, qui a annoncé avoir quitté la Russie pour Istanbul, craignant pour sa sécurité, avait relevé auparavant plusieurs zones d'ombre.

Les pirates auraient notamment réussi à faire naviguer le cargo sur les mers d'Europe sans être aperçus. Et il n'y aurait eu aucun signal de détresse alors que le navire est équipé d'appareils de communication sophistiqués.