La Suède a annoncé jeudi sa décision d'extrader vers le Rwanda l'ancien directeur de l'aviation civile rwandaise, Sylvère Ahorugeze, qui doit y être jugé pour sa participation présumée au génocide de 1994, selon un communiqué du gouvernement.

«Le gouvernement a décidé aujourd'hui (jeudi) d'extrader au Rwanda un citoyen rwandais soupçonné de génocide en 1994», précise la ministre de la Justice, Beatrice Ask, dans le communiqué.Une fois que les autorités judiciaires rwandaises auront reçu la décision officielle de Stockholm, M. Ahorugeze, un Hutu de 53 ans, sera extradé dans un délai de trois semaines.

«La Suède est le premier pays en Europe à extrader vers le Rwanda une personne soupçonnée de génocide. La décision n'a pas été facile à prendre», assure Mme Ask dans le communiqué.

La Cour suprême suédoise avait approuvé le 27 mai l'extradition de M. Ahorugeze vers le Rwanda pour y être jugé, estimant que rien, dans les lois suédoise ou européenne, ne l'empêchait.

Le suspect s'était réfugié au Danemark en 2001 et avait été arrêté en juillet 2008 en Suède après avoir été reconnu à l'ambassade du Rwanda à Stockholm. Il est détenu depuis le 16 juillet 2008 en Suède et Kigali a demandé son extradition en août 2008.

Sylvère Ahorugeze est accusé d'avoir été un chef de la milice hutu Interahamwe et d'être impliqué dans 28 meurtres de Tutsi commis le 7 avril 1994, des faits qu'il dément.

Quelque 800.000 personnes, en majorité des Tutsi et des Hutu modérés, ont été tuées durant la centaine de jours qu'a duré le génocide au Rwanda.

Des associations de défense des droits de l'homme, comme Amnesty International, se sont prononcées contre les extraditions de suspects vers le Rwanda, craignant qu'ils ne soient pas jugés équitablement.

Mais Mme Ask estime que la justice rwandaise a beaucoup évolué ces dernières années. «Pas plus tard qu'en mai 2009, une nouvelle législation a été adoptée qui améliore encore le système judiciaire» rwandais, affirme la ministre suédoise dans le communiqué de jeudi.