La Croatie a installé lundi, pour la première fois depuis son indépendance en 1991 à la tête du gouvernement, une femme, Jadranka Kosor, qui s'est engagée à surmonter le blocage par la Slovénie de ses négociations d'adhésion à l'Union européenne.

 Le parlement croate a voté l'investiture du gouvernement de la conservatrice Jadranka Kosor, avec 83 voix pour et 45 contre, selon le vote retransmis en direct par la télévision nationale.

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lue samedi à la tête du parti de la Communauté démocratique croate (HDZ, conservateur au pouvoir), Mme Kosor, 56 ans, ancienne journaliste reconvertie dans la politique, a insisté dans son discours sur le blocage depuis décembre, par la Slovénie, des négociations d'adhésion de la Croatie à l'UE, en raison d'un différend frontalier bilatéral.

Elle a promis une reprise rapide de ces pourparlers.

La Commission européenne et Zagreb souhaitaient achever la partie technique de ces négociations fin 2009 mais aucune solution n'est entrevue pour surmonter le blocage slovène.

Néanmoins, Mme Kosor a affirmé être «convaincue que les pourparlers vont être débloqués (...) et que nous allons finir ce travail d'ici à la fin de l'année».

Mme Kosor a été désignée vendredi Premier ministre par le chef de l'Etat après que l'ex-chef du gouvernement, Ivo Sanader, eut annoncé à la surprise générale qu'il quittait ses fonctions et la vie politique, plus de deux ans avant la fin de son mandat.

Il a dit que le blocage du rapprochement européen de son pays par la Slovénie avait contribué en partie à sa décision.

Tout comme son prédécesseur, Mme Kosor a souligné la part de responsabilité qui incombe à Bruxelles, selon Zagreb, pour sortir de cette impasse.

«Je veux dire à nos amis européens que nous faisons notre part de travail et que la responsabilité historique» pour régler ce différend, «en ce moment, repose sur eux», a-t-elle dit.

Avant le vote, Mme Kosor a présenté aux élus son cabinet qui n'est pas très différent par rapport au sortant, au sein duquel elle détenait les fonctions de vice-Premier ministre.

Le nouveau gouvernement compte vingt membres. Un nouveau ministère, celui de l'Administration publique, a été crée ainsi que des fonctions de ministre sans portefeuille.

Alors que le pays est confronté à une grave crise économique, Mme Kosor s'est également engagée à trouver les moyens pour «renforcer la stabilité macro-économique et parvenir à un retour à la croissance économique».

«Nous vivons des temps extrêmement difficiles (...) mais je prends mes fonctions avec beaucoup de confiance», a dit Mme Kosor.

L'économie croate a connu une contraction de 6,7% au premier trimestre de 2009 par rapport à la même période de l'année précédente, le pire résultat enregistré depuis l'an 2000. Sur l'ensemble de l'année, le PIB croate pourrait enregistrer une chute de 4% voire plus, selon la Banque centrale.

L'industrie touristique, principal moteur de l'économie croate, est confrontée à des difficultés en raison de la crise économique internationale et a enregistré une chute du nombre de touristes de 9% sur les cinq premiers mois de l'année.

Et la dette extérieure s'élevait à la fin 2008 à 39 milliards d'euros (Etat, entreprises, banques), soit à 94% du PIB.

Pour sa part, l'opposition de gauche tout exprimant des doutes quant à la capacité de Mme Kosor de redresser le pays, a qualifié la démission de son prédécesseur d'«acte de lâcheté», et a appelé en vain à l'organisation d'élections législatives anticipées.