L'armée brésilienne a récupéré jeudi dans l'océan Atlantique les premiers débris de l'Airbus d'Air France, dont la chute reste un mystère malgré l'émergence de plusieurs hypothèses.

Une flottille d'avions et de navires a commencé dans la matinée à repêcher les restes de l'appareil, qui s'est abîmé lundi avec 228 personnes à bord à environ 1000 kilomètres de la côte brésilienne.

«Nous sommes en train de récupérer les débris», a déclaré le général Ramon Borges Cardoso, porte-parole de l'armée de l'air brésilienne, en précisant qu'ils seraient expédiés en France, dont les autorités sont chargées de l'enquête sur la tragédie.

Près de 150 personnes participent aux recherches effectuées dans une zone de 6000 kilomètres carrés, à partir des localités côtières de Recife et de Natal, ainsi que de l'archipel de Fernando de Noronha, où est installée la base des opérations, qui mobilisent des appareils brésiliens, français et américains.

S'il y avait des survivants, ces derniers se trouveraient forcément à proximité des débris, a souligné le porte-parole, au cours d'un point de presse à Recife. «Dans ce cas, nous avons des hélicoptères capables d'envoyer des parachutistes avec des équipement de survie», a-t-il indiqué.

Le militaire a également précisé que la récupération des débris serait interrompue au cas où des cadavres seraient retrouvés. «La priorité absolue sera donnée au transfert de ces corps sur la terre ferme», a-t-il dit.

L'espoir de retrouver les «boîtes noires» (enregistreurs) de l'appareil est également ténu, ce qui maintient le mystère et fait naître de nombreuses conjonctures autour de la catastrophe du vol Rio-Paris.

La chute de l'avion peut s'expliquer par la vitesse «erronée» à laquelle volait l'avion, a affirmé jeudi le quotidien français Le Monde, citant des sources proches de l'enquête.

Le journal français a évoqué la possibilité que l'avionneur Airbus communique aux utilisateurs de l'A330 une recommandation, validée par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français en charge de l'enquête, concernant la vitesse des avions en zone de turbulences.

Cette information a été démentie par le BEA, organisme chargé de l'enquête officielle française, et par Airbus.

En annonçant aux familles qu'il n'y avait plus d'espoir de trouver des survivants, les dirigeants d'Air France ont expliqué que «l'avion n'avait pas pu amerrir», qu'il s'était «désintégré soit en l'air soit au contact de l'eau».

Autre élément à verser au dossier, le témoignage d'un pilote espagnol de la petite compagnie Air Comet qui aurait observé, lors d'un vol entre Madrid et l'Amérique du sud lundi, un «éclat fort et intense de lumière blanche» avec une «trajectoire descendante et verticale».

Selon le journal brésilien O Globo, l'analyse de la série de messages automatiques, envoyés par l'Airbus durant les minutes ayant précédé le drame, indiquerait une succession de pannes au moment où l'avion allait à la rencontre d'une dense formation de nuages cumulo-nimbus.

Le ministre brésilien de la Défense Nelson Jobim avait, de son côté, pratiquement exclu mercredi l'hypothèse d'un attentat, estimant qu'une explosion de l'avion était «improbable» en raison de la présence de carburant à la surface de l'océan.

Une cérémonie devait se dérouler jeudi à Rio de Janeiro en présence des ministres français et brésilien des Affaires étrangères, Bernard Kouchner et Celso Amorim, alors que le Brésil a décrété trois jours de deuil national.