Gendarmes et policiers sont intervenus mardi, parfois avec des gaz lacrymogènes, pour dégager les accès de plusieurs prisons parisiennes, bloqués depuis la veille par des centaines de surveillants qui dénoncent la détérioration de leurs conditions de travail.

A la prison de la Santé, au centre de Paris, les CRS (policiers anti-émeute) sont intervenus à plusieurs reprises contre plusieurs dizaines de surveillants qui avaient édifié des barricades de palettes et de pneus devant l'entrée, empêchant le transfert de détenus vers le Palais de justice, a constaté l'AFP.

Le barrage a été partiellement levé dans la matinée.

A Fleury-Mérogis, la plus grande prison d'Europe, près de Paris, gendarmes mobiles et CRS ont utilisé bombes et grenades lacrymogènes pour déloger une centaine de surveillants qui avaient édifié des barricades, dont une a été enflammée.

Lundi soir, des incidents avaient déjà opposé entre 200 à 400 surveillants aux forces de l'ordre devant le même établissement.

La prison de Fresnes, au sud de Paris, était également bloquée par une centaine de surveillants grévistes mardi matin.

Les syndicats de surveillants ont dénoncé les charges policières, accusant les forces de l'ordre d'avoir tiré des balles en caoutchouc et utilisé des armes à impulsion électrique contre les manifestants.

Ils ont appelé à «poursuivre et amplifier» le blocage des prisons, entamé lundi pour protester contre la détérioration des conditions de travail induite selon eux par le manque de moyens et la surpopulation carcérale.

L'Administration pénitentiaire a estimé lundi à 79 sur 194 le nombre d'établissements bloqués dans le pays par les grévistes, l'intersyndicale affirmant de son côté que 120 prisons étaient touchées par le mouvement.

Les prisons françaises abritaient au 1er avril 63.351 détenus pour seulement 52.535 places disponibles, soit un taux de densité carcérale de 120,5%, contre 102% en moyenne dans les 47 Etats du Conseil de l'Europe. Le gouvernement a promis en 2008 13.220 nouvelles places d'ici à 2012.

Selon les syndicats pénitentiaires, dix surveillants se sont suicidés depuis le début de l'année, ainsi que 45 à 50 détenus.