Après quatre jours de bras de fer avec Malte, l'Italie a annoncé dimanche soir qu'elle acceptait d'accueillir sur son sol les 140 migrants africains sauvé par un cargo turc en Méditerranée.

Le gouvernement italien «a décidé de laisser les raisons humanitaires prévaloir», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini sur la télévision publique, précisant toutefois que «Malte aurait dû les accueillir».

Le navire turc Pinar avait secouru jeudi les 140 migrants, dont la nationalité n'a pas été précisée, alors que les deux bateaux sur lesquels ils voyageaient étaient en train de couler. Malta soutenait qu'ils devaient être conduits dans le centre pour clandestins de Lampedusa, en Sicile, port le plus proche de la zone de sauvetage. L'Italie affirmait, elle, que Malte devait s'en charger car le Pinar se trouvait dans les eaux de recherches maltaises.

Dans un communiqué, le ministère italien des Affaires étrangères a expliqué que la décision d'accueillir les migrants avait été prise «seulement au regard de l'urgence humanitaire douloureuse à bord du cargo», et qu'elle «ne doit en aucun cas être envisagée comme un précédent ou une reconnaissance des raisons de Malte».

Des médecins conduits à bord du Pinar par les garde-côtes italiens ont diagnostiqué des cas de varicelle et de forte fièvre parmi les migrants, selon l'agence italienne ANSA.

Une vingtaine de personnes malades et une femme enceinte ont été conduites par voie de mer à Lampedusa par les garde-côtes dimanche soir, selon ANSA. Deux migrants avaient déjà été héliportés jusqu'à ce port sicilien en raison de leur état de santé, et l'équipage du Pinar a découvert le corps d'une jeune femme dans l'une des embarcations des migrants, a indiqué le commandant des garde-côtes italiens Cosimo Nicastro.

Ceux qui restent à bord soivent être menés à terre par un convoi de navires militaires, vers Porto Empedocle en Sicile, tandis que le Pinar, qui transporte des céréales, poursuivrait sa route vers la Tunisie.

Dans son communiqué, le ministère italien des Affaires étrangères a critiqué «la réticence persistante» de Malte à accueillir ces migrants, «malgré les appels du président de la Commission européenne» José Manuel Barroso. Malte n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat.

L'équipage turc du Pinar a aussi signalé avoir trouvé dans une des embarcations secourues le corps d'une femme décédée, emporté depuis à Lampedusa par bateau.