Le Parti social-démocrate allemand (SPD), à la traîne dans les sondages, a présenté samedi son programme pour ravir la chancellerie à la conservatrice Angela Merkel, avec comme mesure emblématique une hausse d'impôt pour les plus riches et une diminution pour les bas revenus.

Ce programme, adopté à l'unanimité par les hautes instances du parti doit encore être entériné lors d'un congrès fédéral le 14 juin. Il «donne des orientations, une direction dont nous aurons bien besoin pour cette année  (...) économiquement difficile, avec des incertitudes où il nous faudra maîtriser la crise», a commenté le candidat SPD à la chancellerie, Frank-Walter Steinmeier, actuel ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier. S'il mène son parti à la victoire le 27 septembre, M. Steinmeier relèvera le plafond des impôts à 47% (contre 45%) pour les contribuables dont le salaire annuel excède 125 000 euros pour une personne seule et 250 000 euros pour un couple.

Le taux d'imposition de base serait, lui, ramené de 14 à 10%. Un impôt sur le patrimoine, réclamé par l'aile gauche du parti, a en revanche été écarté.

Alors que la République fédérale connaît la pire crise économique de son histoire, les Unions chrétiennes CDU-CSU sont très en avance sur le SPD avec lequel elles gouvernent depuis quatre ans.

Dans son programme, le SPD dit vouloir reformer la coalition rouge-verte (avec les écologistes) qui avait permis à Gerhard Schröder de gouverner de 1998 à 2005.

Selon la dernière étude de l'institut Forsa pour l'hebdomadaire Stern et la télévision RTL, un tel attelage est cependant bien insuffisant pour être majoritaire, le SPD recueillant 24% d'intentions de vote et les Verts 10%. Les Unions chrétiennes caracolent en tête à 35%.

Même dans le cas, explicitement exclu au niveau fédéral par le SPD, d'une coalition à trois avec le parti de la gauche radicale Die Linke (11% dans ce sondage), le compte n'y serait pas.

Du coup, le SPD ne rejette pas une nouvelle «grande coalition»: en fonction des résultats électoraux, il «prendra ses responsabilités», est-il écrit dans ce programme.

Une alliance avec libéraux du FDP, qui avec environ 16% des intentions de vote ont retrouvé leur traditionnel rôle de «faiseurs de roi» de la politique allemande, est à priori exclue.

«Nous sommes sceptiques sur les promesses d'importantes baisses d'impôts qu'agitent certains ici ou là et sur leur réalisme. Nous sommes d'avis que (...) dans la situation actuelle, dans la crise, vouloir réduire le rôle de l'État et placer le système de protection sociale sous pression n'est pas responsable», a ainsi asséné M. Steinmeier, visant ostensiblement le FDP, mais aussi la frange libérale de la CDU et sa branche bavaroise, la CSU.

«Nous estimons, bien au contraire, que l'État, dans cette crise, doit pouvoir agir et être doté des moyens nécessaires», a-t-il conclu.

Le FDP Guido Westerwelle en a d'ailleurs pris acte en concluant qu'«il ne peut y avoir une collaboration de son parti sur cette base». Augmenter les impôts? «Pas avec moi», a-t-il prévenu.

Les Verts semblaient tout aussi réservés. «Le SPD propose aujourd'hui le contraire de ce qu'il a fait en quatre ans de grosse coalition. Il va falloir leur demander +êtes-vous vraiment sérieux ?+», a réagi le parti écologiste.

  «Voulez-vous vraiment imposer les transactions boursières et imposer davantage les contribuables les plus aisés, ou n'affichez vous cela que pour la durée de la campagne pour au final exonérer les (riches) propriétaires de droits de succession?» demandent les Verts.

«Si le SPD est sincère avec ce programme, il doit exclure catégoriquement toute nouvelle grande coalition», concluent-ils.