Une fourgonnette piégée a explosé lundi dans un quartier d'affaires de l'est de Madrid, sans faire de blessés mais provoquant d'importants dégâts, lors d'un attentat attribué à l'ETA par le gouvernement espagnol.

Le ministre de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, a accusé l'organisation indépendantiste basque armée, responsable de la mort de 825 personnes en 40 ans de violences pour l'indépendance du Pays Basque (nord), d'être l'auteur de cette nouvelle action.

L'ETA a «réagi» à l'annonce, ces dernières heures, par la justice espagnole de l'interdiction de listes électorales proche de sa mouvance, avant les élections régionales basques du 1er mars, a affirmé M. Rubalcaba.

L'explosion n'a pas fait de blessés mais a provoqué des dégâts importants avec plus de trente voitures endommagées et laissé un cratère d'un mètre de profondeur dans le sol.

Plusieurs appels anonymes, notamment à la Croix rouge, ont averti vers 1 h 30 HNE de l'explosion prochaine d'un véhicule utilitaire dans le quartier qui a été rapidement bouclé et évacué, selon la police.

Le véhicule avait été volé la veille dans la région de Madrid. Toutefois le groupe armé ne dispose a priori pas de structure permanente à Madrid, a estimé le ministre de l'Intérieur.

«Lorsque je suis arrivé au bureau à 8H25 (2h 25 HNE), la police était partout (...). On nous a dit qu'il y avait une alerte à la bombe, qu'on devait être loin des fenêtres. Et tout d'un coup +boom+. On a vu les fenêtres bouger», a raconté à l'AFP, Simon, un Français de 29 ans qui travaille dans le quartier.

«Dans une autre partie des bureaux, tout est tombé. Cela s'est passé vers 9H05 (4 h 05 HNE). Ensuite on nous a dit de nous diriger plus à l'intérieur du bâtiment, loin des fenêtres» par crainte d'une seconde bombe, a-t-il ajouté.

L'explosion s'est produite devant les locaux d'une filiale du groupe de construction espagnol Ferrovial qui travaille au chantier du TGV basque, cible depuis quelques mois de l'ETA.

La dernière victime mortelle de l'ETA est, d'ailleurs, le responsable d'une entreprise travaillant sur ce projet, abattu par un commando le 3 décembre au Pays Basque.

Depuis Bilbao (nord), le chef du gouvernement régional basque, le nationaliste Juan José Ibarretxe a condamné l'attentat de la manière «la plus énergique» et demandé à l'ETA de «disparaître une bonne fois pour toute».

Le chef de l'opposition espagnole, Mariano Rajoy, a estimé que cet attentat devait «conforter» la société espagnole dans l'objectif de «vaincre» l'ETA et s'est félicité de la décision de la justice de barrer la route à deux partis indépendantistes proches du groupe armé.

L'attentat a été perpétré quelques heures après l'interdiction par le Tribunal suprême espagnol des listes électorales de deux partis indépendantistes radicaux, D3M et Askatasuna, considérés comme des prête-noms du bras politique interdit de l'ETA, Batasuna.

L'ETA qui a repris ses attentats fin 2006 après l'échec de négociations de paix avec le gouvernement socialiste espagnol, a pris régulièrement pour cible la capitale espagnole par le passé.

Toutefois, l'explosion de lundi est le premier attentat dans la capitale depuis la puissante bombe de l'ETA qui avait fait deux morts fin 2006 à l'aéroport de Madrid-Barajas.