Il ne croit pas que les nazis ont utilisé des chambres à gaz pour exterminer des Juifs et estime à 200 000 les victimes juives du IIIe Reich.

Pendant 20 ans, le Vatican n'a pas eu à se soucier des opinions de l'évêque Richard Williamson, excommunié en 1988. Mais depuis une semaine, ses propos négationnistes donnent du fil à retordre au pape Benoît XVI.

 

Autant la grande communauté juive mondiale que des groupes d'évêques européens demandent des comptes au souverain pontife depuis que ce dernier a levé l'excommunication qui frappait quatre évêques depuis 1988, dont le Britannique Richard Williamson.

L'évêque Williamson et ses trois collègues ont été exclus de l'Église catholique après avoir été ordonné par l'évêque français ultraconservateur, Marcel Lefebvre. Fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, qui s'oppose à la modernisation de l'Église et au dialogue entre les fois catholique et juive, ce dernier avait procédé sans avoir reçu l'assentiment papal.

Deux décennies plus tard, dans une tentative de rebâtir des ponts avec la Fraternité qui compte aujourd'hui à son actif plus de 450 prêtres et 150 000 fidèles, le pape a rédigé un décret le 21 janvier dans lequel il lève l'ordre d'excommunication, mais suspend la pratique des quatre évêques.

L'ordre papal n'avait pas encore été rendu public lorsqu'une entrevue de la télévision suédoise avec l'évêque Williamson a été diffusée.

Dans cette entrevue, enregistrée en novembre 2008, l'évêque de 67 ans tient une série de propos négationnistes, soutenant notamment qu'il n'existe aucune preuve historique de l'existence de chambres à gaz dans les camps de concentration nazis.

La polémique ne s'est pas fait attendre lorsque deux jours après l'entrevue, le décret papal a été rendu public.

Hier, jour de commémoration de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz, le président de l'Union des communautés juives italiennes, Renzo Gattegna, réclamait des explications du Vatican et demandait «un geste positif» de la part du pape. Des évêques allemands, français et suisses ont aussi fait des déclarations sur la place publique, condamnant les propos du Britannique.

Le pape Benoît XVI n'a pas commenté personnellement les propos de l'évêque réhabilité, mais un article du journal du Vatican, L'Osservatore Romano, publié lundi, affirme que le pape déplore toutes les formes d'antisémitisme et invite tous les catholiques à faire de même. L'article note aussi que la levée de l'excommunication ne doit pas être interprété comme une approbation des propos de Mgr. Williamson.

Ce dernier a d'ailleurs reçu les foudres de sa propre fraternité hier. Le supérieur de la communauté intégriste, Mgr Bernard Fellay, lui aussi réhabilité par le décrit papal, a demandé pardon au pape pour les problèmes qu'ont causé les opinions de sa brebis.

Au pays, la Conférence des évêques catholiques et l'Assemblée des évêques du Québec ont refusé de commenter l'affaire.