L'ancien président destitué Rolandas Paksas et le milliardaire d'origine russe Viktor Ouspaskitch semblent tous deux bien partis pour faire un retour remarqué sur la scène politique lituanienne à l'occasion des élections législatives de dimanche.

Les quelque 2,6 millions d'électeurs lituaniens seront également appelés à se prononcer par référendum sur un éventuel report de la fermeture de la centrale nucléaire d'Ignalina, normalement prévue fin 2009. S'ils gagnent, la coalition «Pour l'Ordre et la Justice» (TT) de Rolandas Paksas et le Parti du Travail (DP) de Viktor Ouspaskitch pourraient former le noyau dur d'une nouvelle coalition populiste, vraisemblablement encline à monter le ton face à Bruxelles et se rapprocher de la Russie voisine.

Le Parti Social-démocrate, au gouvernement depuis 2001, est en baisse dans les sondages et aura du mal à passer le seuil des 5% des suffrages nécessaire pour être représenté au Seimas, la chambre unique du Parlement lituanien, qui compte 141 sièges.

Une victoire du camp des populistes, qui ont promis de relever les salaires dans le secteur public et de réduire le moitié le nombre des parlementaires, constituerait un énorme camouflet pour le président Valdas Adamkus, qui a combattu farouchement Paksas comme Ouspaskitch et a appelé les électeurs à ne pas voter sur une impulsion émotionnelle.

M. Paksas avait été destitué en 2004 pour violation de la Constitution et abus de fonction. C'était le premier chef d'État européen ainsi obligé de quitter le pouvoir.

Même si un mandat public lui est constitutionnellement interdit, M. Paksas pourrait exercer une influence énorme en coulisse. Son parti contrôle déjà l'Hôtel de Ville de Vilnius, la capitale.

De son côté, Ouspaskitch, qui a fait fortune en Lituanie en vendant des cornichons en bocaux, avait été contraint à la démission du poste de ministre de l'Economie faisant l'objet d'une enquête pour conflit d'intérêt impliquant sa Russie natale.

Traqué par les juges, il avait fui en Russie en mai 2006, avant de revenir finalement en Lituanie où il avait été assigné à résidence. Il fait toujours l'objet d'une enquête et si l'assignation a été levée, il lui est interdit de quitter le pays pendant six ans.

Malgré ce passé houleux, un sondage publié en septembre par le principal quotidien du pays «Lietuvos Rytas», montrait que leurs partis respectifs pourraient chacun recueillir jusqu'à 20% des suffrages tandis que le parti d'extrême droite Union de la Patrie-Conservateurs, leur rival, peut s'attendre à 12%.

Les électeurs devront également se prononcer sur un éventuel report de la fermeture de la centrale d'Ignalina, centrale de l'ère soviétique, qui doit normalement s'arrêter en décembre 2009.

Les autres États-membres de l'Union européenne, qui réclament sa fermeture, s'inquiètent des failles dans la conception de cette centrale de type Tchernobyl, mais la Lituanie s'inquiète de perdre son indépendance énergétique et d'être soumise aux caprices de la Russie. D'après un récent sondage, plus de 70% des Lituaniens sont favorables au report de la fermeture de la centrale. Les résultats du référendum ne seront toutefois pas contraignants.