Des milliers de victimes de l'amiante (2500 selon la police, 6000 selon les organisateurs) ont défilé samedi à Paris «pour la justice et contre l'oubli», afin que se tienne «le grand procès pénal de l'amiante», dont les effets provoquent la mort de 3000 personnes par an.

Venus de toute la France, comme à chaque rentrée depuis quatre ans, à l'appel de l'association nationale des victimes de l'amiante (Andeva), ils ont marché en silence, derrière deux grands mannequins représentant la Justice et une victime de l'amiante en tenue d'hôpital, jusqu'aux abords du ministère de la Justice. Utilisé massivement dans l'industrie pendant des décennies, l'amiante n'a été interdite qu'en 1997, alors que huit pays avaient déjà pris une telle mesure.

«Aujourd'hui les victimes sont indemnisées, plus ou moins bien et avec des délais de plus en plus longs, mais cela ne suffit pas, les responsables de cette catastrophe qui pourrait causer la mort de 100 000 personnes d'ici 2025, doivent être traduits en justice, pour que cela ne recommence pas», a lancé le président de l'Andeva, François Desriaux.

«Tous les survivants sont malades, on a été indemnisé, mais quand on gagne le Smic et qu'on est en pré-retraite amiante, on crève de misère et d'isolement», témoigne Josette Roudaire, ancienne ouvrière.

Beaucoup ont passé la quasi-totalité de leur vie professionnelle en présence d'amiante, sans en connaître les dangers.

«J'étais tresseuse, l'amiante arrivait en sac, on sortait les fibres à la fourche, on les mélangeait avec du coton, et on tressait, on enroulait, cela volait partout. On a déposé plainte en 1996, le dossier dort toujours», dit-elle.

«L'affaire de l'amiante, ce n'est pas du passé, c'est aujourd'hui, il y en a encore partout, si l'amiante est mal repéré dans les constructions, des salariés risquent encore d'être contaminés», affirme François Desriaux.