Le gouvernement français, sur le qui-vive en raison de la propagation de la crise financière au continent européen, a convoqué ce matin les représentants des principales banques et compagnies d'assurances du pays pour tenter d'anticiper les prochains feux.

La rencontre doit être chapeautée par le président, Nicolas Sarkozy, qui sera accompagné du premier ministre, François Fillon, de la ministre de l'Économie et des Finances, Christine Lagarde, et du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.

 

La semaine dernière, M. Sarkozy avait assuré dans un discours très médiatisé que l'État se porterait garant de «la sécurité et de la continuité» du système bancaire et financier de la France.

La décision de réunir ses principaux acteurs d'urgence a été annoncée hier avant même le rejet par la Chambre des représentants du plan de sauvetage américain, survenue après l'heure de fermeture des Bourses. Le CAC40, promis à une nouvelle chute ce matin, a reculé de 5%, plombé par l'évolution des titres bancaires. Il s'agissait de sa deuxième perte en importance de l'année.

Dexia, une institution franco-belge, avait perdu près du tiers de sa valeur à l'issue de la journée, fragilisée par un article d'un journal français affirmant qu'elle allait devoir se recapitaliser.

Le gouvernement belge a fait savoir en fin de soirée, pour rassurer les marchés, qu'il participerait au renflouage financier de l'institution. L'État français, qui est actionnaire de Dexia par l'entremise de la Caisse des dépôts et consignations, devrait aussi contribuer à l'opération, la ministre Lagarde ayant assuré dans la journée que Paris «prendrait ses responsabilités».

La haute direction de Dexia avait convoqué une réunion extraordinaire dimanche pour évaluer la situation créée par les difficultés de Fortis. Cette importante banque belgo-néerlandaise, aussi active dans le secteur de l'assurance, a dû être partiellement nationalisée au cours de la fin de semaine pour éviter la faillite.

La Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg ont annoncé qu'ils entendaient injecter plus de 11 milliards d'euros pour remettre sur pied l'institution, qui dispose d'une filiale française. Hier, elle a instauré un dispositif téléphonique spécial pour tenter de répondre aux épargnants qui s'inquiétaient pour leurs avoirs.

La rencontre ayant mené à l'intervention des trois pays s'est tenue en présence du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui craint les risques de contamination.

Hier, la BCE a annoncé qu'elle entendait injecter 120 milliards d'euros pour faciliter l'accès des banques à des liquidités. En précisant que d'autres interventions «spéciales» de même nature suivront d'ici à la fin de l'année.