(New York) Les procureurs de Manhattan ont demandé lundi au juge chargé de la cause pénale contre Donald Trump d’interdire à l’ancien président d’attaquer les témoins ou de diffuser l’identité des jurés.

Ces demandes, formulées dans des documents déposés par le bureau du procureur de Manhattan, font état de la « longue tradition d’attaques de M. Trump contre des témoins, des enquêteurs, des procureurs, des juges et d’autres personnes impliquées dans des procédures judiciaires à son encontre ».

En demandant une ordonnance imposant le secret très précise, le bureau a suivi de près les conditions d’une ordonnance similaire confirmée par une cour d’appel fédérale à Washington dans une autre cause criminelle de Donald Trump.

PHOTO DAVE SANDERS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Alvin Bragg, procureur de Manhattan

Si le juge l’approuve, l’ordonnance de bâillon dans l’affaire de Manhattan interdira à M. Trump de « faire ou d’ordonner à d’autres de faire » des déclarations sur des témoins concernant leur rôle dans la cause. Le procureur dans cette affaire, Alvin Bragg, a également demandé qu’il soit interdit à M. Trump de faire des commentaires sur les procureurs chargés de la cause – autres que M. Bragg lui-même – ainsi que sur les membres du personnel du tribunal.

M. Bragg souhaite également que le juge, Juan Merchan, protège les jurés. Ses procureurs ont demandé qu’il soit interdit à M. Trump de révéler publiquement leur identité.

Bien que M. Trump et son équipe juridique soient autorisés à connaître les noms des jurés, M. Bragg a demandé que leurs adresses ne soient pas divulguées à l’ancien président.

Si M. Merchan approuve ces restrictions, il ne sera que le dernier juge en date à imposer un bâillon à M. Trump. Une ordonnance a été rendue dans la cause de Washington DC, une affaire fédérale qui porte sur des accusations selon lesquelles M. Trump aurait comploté pour renverser l’élection de 2020. Le juge chargé du procès civil de M. Trump pour fraude, qui vient de s’achever, a également ordonné à M. Trump de ne pas faire de commentaires sur les membres du personnel du tribunal.

Vers un procès fin mars

La cause pénale de Manhattan a été la première des quatre inculpations de M. Trump à être déposée. L’année dernière, le bureau du procureur a accusé M. Trump de 34 délits, affirmant qu’il avait orchestré la dissimulation d’un scandale sexuel potentiel avec une actrice pornographique qui aurait pu nuire à sa campagne présidentielle de 2016. Le procès devrait débuter le 25 mars.

Les avocats de M. Trump s’opposeront très probablement à l’ordonnance de bâillon et pourraient interjeter appel si M. Merchan l’adopte.

L’ancien président s’est délecté d’attaques publiques contre son ancien homme de confiance Michael Cohen, qui est désormais l’un des principaux témoins de M. Bragg. M. Cohen a versé 130 000 $ en pots-de-vin à l’actrice pornographique pour qu’elle taise son histoire avec M. Trump, puis a été remboursé par ce dernier.

L’équipe de défense de M. Trump a demandé au juge d’empêcher M. Cohen de témoigner.

« Michael Cohen est un menteur », ont écrit les avocats de l’ancien président, accusant M. Cohen de parjure dans le procès civil pour fraude de M. Trump et affirmant que ses déclarations publiques indiquaient qu’il avait l’intention de mentir à nouveau. Le juge dans cette affaire a pourtant conclu que M. Cohen avait été crédible et qu’il avait « dit la vérité ».

M. Cohen a répliqué lundi dans un message texte : « Alors que la date du 25 mars se rapproche de plus en plus, Donald et son équipe d’avocats malhonnêtes vont tenter de concocter de nouvelles façons de retarder cette affaire. »

Cet article a d’abord été publié dans le New York Times.

Lisez la version originale de cet article du New York Times (en anglais ; abonnement requis)