(Washington) Le Congrès américain a fait un premier pas timide jeudi vers le déblocage d’enveloppes pour l’Ukraine et Israël, mais leur avenir demeure très incertain, des parlementaires proches de Trump refusant de donner le moindre dollar supplémentaire pour Kyiv.

Après des mois d’âpres négociations, le Sénat a enfin accepté d’examiner un texte qui débloquerait plus de 60 milliards de dollars pour l’Ukraine et 14 milliards pour Israël – première étape d’un processus semé d’embûches.

Deux ans après le début de l’invasion russe, les élus des États-Unis, principal soutien militaire à l’Ukraine, ne parviennent en effet pas à se mettre d’accord sur la validation de nouveaux fonds.

Les démocrates sont, dans l’immense majorité, pour.

Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes, pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, bien plus isolationnistes.

En pleine campagne présidentielle, l’équation s’est transformée en bras de fer à distance entre Joe Biden, qui réclame de toute urgence ces nouveaux fonds, et Donald Trump, qui prétend que s’il était réélu en novembre, il réglerait la guerre entre la Russie et l’Ukraine « en 24 heures » – sans vraiment expliquer comment.

« Faire le jeu » de Poutine

Le vote de jeudi au Sénat est une bonne nouvelle pour les partisans de l’aide à l’Ukraine.

« C’est un premier pas très important pour continuer à appuyer l’Ukraine dans sa victoire », a salué le président Volodymyr Zelensky.

Mais le plus dur reste à faire.  

Après avoir examiné le texte, les sénateurs se prononceront peut-être dans les prochains jours sur cette grande enveloppe lors d’un vote final et l’enverront à la Chambre des représentants, qui l’examinera à son tour.

C’est là que les choses se compliquent.

Majoritaires à la Chambre des représentants, des républicains dont de nombreux trumpistes refusent de valider toute nouvelle enveloppe pour Kyiv avant la présidentielle de novembre. Certains d’entre eux continuent d’autre part de monnayer leur soutien au projet de loi contre l’adoption de mesures anti-immigration fortes.  

Ce, malgré les plaidoyers répétés de Joe Biden. « Soutenir ce projet de loi, c’est s’élever contre Poutine. S’y opposer, c’est faire le jeu » du président russe, a-t-il encore alerté mardi.

Or, pour être promulguée, cette aide doit à tout prix être adoptée par les deux chambres du Congrès américain.

L’échec de l’adoption d’une nouvelle aide serait une déconvenue énorme pour l’Ukraine à l’heure où les mauvaises nouvelles s’accumulent sur le front.

Cela serait aussi un revers important pour Joe Biden face à ses partenaires européens, qui ont eux approuvé le 1er février une rallonge de 50 milliards d’euros pour Kyiv.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a demandé jeudi aux États-Unis et à l’UE de « faire plus » pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’offensive russe, avant de s’envoler pour Washington où il doit rencontrer Joe Biden vendredi.

Les États-Unis ne sont pas tellement plus avancés sur la validation de fonds pour Israël, allié historique en guerre contre le Hamas palestinien depuis le 7 octobre.

Car le président Joe Biden exige que toute aide pour Israël soit couplée à une enveloppe pour l’Ukraine.

Les républicains à la Chambre refusent, mais n’ont pas été en mesure d’adopter cette semaine leur propre projet de loi pour lui forcer la main.