(New York) La course à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2024 débute officiellement ce samedi en Caroline du Sud, n’en déplaise au New Hampshire, dont la primaire démocrate, tenue le 23 janvier dernier, n’était pas reconnue par les dirigeants du parti de Joe Biden. Si le suspense n’est pas au rendez-vous dans le Palmetto State, l’histoire l’est, de même qu’un enjeu crucial pour le président, à savoir sa relation avec l’électorat noir. État des lieux.

Le choix de la Caroline du Sud

Il s’agit d’une première. Jamais le Parti démocrate n’avait confié à un autre État que le New Hampshire l’honneur de tenir sa première primaire présidentielle.

Pourquoi son choix s’est-il arrêté sur la Caroline du Sud ? D’abord, parce que les dirigeants démocrates voulaient lancer la sélection du candidat présidentiel de leur parti dans un État plus représentatif de leurs électeurs que le New Hampshire, où 93 % de la population est blanche. La même raison les a d’ailleurs menés à faire l’impasse sur les caucus de l’Iowa en 2024.

Ensuite, les dirigeants démocrates voulaient faire une faveur à Biden, qui tenait à donner la première primaire démocrate de 2024 à l’État qui a ressuscité sa campagne présidentielle en 2020 après ses résultats désastreux de l’Iowa et du New Hampshire.

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Joe Biden

Quant à la primaire républicaine de Caroline du Sud, elle aura lieu le 24 février.

La mobilisation des Noirs

Le choix de la Caroline du Sud demeure paradoxal. D’un côté, Joe Biden, s’il obtient l’investiture démocrate, n’aura aucune chance de remporter cet État conservateur à l’occasion de l’élection générale face à Donald Trump ou tout autre candidat républicain.

D’un autre côté, le président a eu la chance, en s’adressant à l’importante communauté afro-américaine de Caroline du Sud, de combattre le scepticisme, voire la déception, d’un nombre important d’électeurs noirs à l’échelle du pays à l’égard de sa gestion de la présidence (selon un sondage du Pew Research Center publié en janvier, seuls 48 % des Noirs sont satisfaits du travail de Biden dans l’ensemble des États-Unis, contre 49 % qui sont insatisfaits).

Ainsi, lors d’un discours dans l’église noire de Charleston où un jeune suprémaciste blanc a abattu neuf Noirs en juin 2015, le président a entrecoupé ses appels à la justice raciale de données économiques.

Nous avons le taux de chômage chez les Noirs le plus bas depuis très longtemps. Les Noirs américains sont plus nombreux que jamais à bénéficier d’une assurance maladie, ce qui leur apporte tranquillité d’esprit et dignité.

Joe Biden

La vice-présidente Kamala Harris s’est également déplacée en Caroline du Sud pour mobiliser l’électorat noir.

Les rivaux de Joe Biden

Les deux principaux rivaux de Joe Biden en Caroline du Sud sont les mêmes qu’au New Hampshire : le représentant démocrate du Minnesota Dean Phillips et l’autrice de livres de développement personnel Marianne Williamson, qui avait également brigué l’investiture démocrate en 2020.

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Dean Phillips

Au New Hampshire, Phillips a remporté 20 % des voix contre 4 % pour Williamson. Plus de 70 % des électeurs qui ont pris part au scrutin ont donné la victoire à Biden en écrivant son nom sur leur bulletin de vote, où il ne figurait pas.

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Marianne Williamson

Aucun délégué n’était en jeu au New Hampshire à cause de la décision du Parti démocrate local de défier les instances nationales en tenant une primaire avant celle de la Caroline du Sud. Cinquante-cinq délégués sont en jeu dans le Palmetto State. Ils seront distribués de façon proportionnelle entre les candidats ayant récolté au moins 15 % des suffrages.

Il faut près de 2000 délégués distribués dans le cadre des primaires et des caucus pour remporter l’investiture démocrate.

Les résultats d’un sondage

Le résultat de la primaire démocrate de Caroline du Sud est encore plus prévisible que celui de la primaire républicaine du même État, où tout le monde s’attend à la victoire de Donald Trump sur Nikki Haley, sa dernière rivale.

Un sondage mené par l’Emerson College à la mi-janvier indiquait que près de 70 % des personnes susceptibles de participer à la primaire démocrate de Caroline du Sud avaient l’intention de voter pour Joe Biden, contre 5 % pour Dean Phillips et 3 % pour Marianne Williamson, les autres étant indécis.

Le même sondage indiquait que l’économie était la préoccupation numéro un de 40 % de l’ensemble des électeurs de l’État, suivie par l’immigration (14 %) et « les menaces à la démocratie » (9 %). Chez les démocrates, l’économie tenait également le haut du pavé pour 22 % des électeurs, mais les autres priorités étaient les soins de santé (16 %), « les menaces à la démocratie » (12 %) et l’accès à l’avortement (9 %).

La suite des choses

Comme les républicains, les démocrates auront un important rendez-vous électoral le 5 mars prochain, date du Super Tuesday, où 15 États et 1 territoire tiendront des primaires. Parmi ceux-ci figurent les deux plus populeux, la Californie et le Texas. Environ 30 % des délégués démocrates seront alors en jeu.

Pour les démocrates, ce rendez-vous sera précédé par des primaires au Nevada, le 6 février, et au Michigan, le 27 février. Les derniers caucus et primaires auront lieu au début de juin.

Les délégués se réuniront par la suite à Chicago, du 19 au 22 août, pour officialiser l’investiture de Joe Biden à titre de candidat démocrate à la présidence, si tout se déroule comme prévu au cours des prochains mois.