(Manassas) Le président américain Joe Biden, qui entend utiliser le sujet du droit à l’avortement contre Donald Trump, a vu l’un de ses premiers grands discours de campagne de l’année interrompu à plusieurs reprises mardi par des manifestants pro-palestiniens.

« Cela va durer un moment. Ils ont tout prévu », a réagi le démocrate de 81 ans, qui a dû s’arrêter de parler plusieurs fois.

Ce n’est pas la première fois que Joe Biden, en campagne pour sa réélection en novembre, est ainsi interpellé en public à propos du conflit en cours à Gaza, un sujet très sensible politiquement, mais jamais encore l’un de ses discours n’avait été interrompu aussi fréquemment.

Ses partisans dans le public ont entonné « Quatre ans de plus ! » ou « Allez Joe ! » afin de couvrir les voix des manifestants, qui criaient des slogans de solidarité avec les Palestiniens de Gaza, territoire assiégé par Israël et en proie à une crise humanitaire majeure.

Au total, une dizaine de personnes ont interpellé Joe Biden, qui soutient fermement Israël, aux cris, par exemple, de « Que Joe le génocidaire dégage ! ».

PHOTO EVELYN HOCKSTEIN, REUTERS

Le président américain, Joe Biden, la première dame, Jill Biden, et la vice-présidente, Kamala Harris

Le président américain voulait utiliser son discours, à Manassas en Virginie, près de Washington, pour attaquer son rival Donald Trump, ancien président et favori de la primaire républicaine, sur la question de l’avortement.

Il a accusé le magnat de 77 ans et ses partisans de vouloir « à tout prix » restreindre encore l’accès aux interruptions volontaires de grossesse (IVG).

« Donald Trump est la raison pour laquelle [les femmes américaines] ont été privées d’un droit fondamental », a dit le président américain.

Il faisait référence à un arrêt en juin 2022 de la Cour suprême, à laquelle son prédécesseur a donné une orientation très conservatrice.

L’institution a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement, protégé depuis 1973 par la célèbre jurisprudence Roe c. Wade, et une vingtaine d’États américains ont par la suite soit interdit, soit sévèrement restreint les IVG.

Les démocrates espèrent que la défense du droit à l’avortement, soutenu selon les sondages par une majorité d’Américains, aidera Joe Biden à se faire réélire.

Le conflit entre Israël et le Hamas, à l’inverse, pourrait lui coûter des voix auprès des électeurs progressistes, des jeunes et des Américains d’origine arabe.

Ces derniers reprochent à Joe Biden de manquer de compassion pour les souffrances des Palestiniens de Gaza.