Du jamais vu. La course à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2024 ne commencera pas officiellement avant le 15 janvier, date des caucus de l’Iowa. Or, les médias américains multiplient déjà les listes de colistiers potentiels de Donald Trump, signe de sa position dominante dans les sondages. Voici quelques-uns des noms plus souvent mentionnés.

Kristi Noem

PHOTO JAMIE KELTER DAVIS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

« En un clin d’œil. » C’est le temps que mettrait la gouverneure républicaine du Dakota du Sud pour répondre à une offre de devenir la colistière de Donald Trump, selon ses propres mots. Élue à son poste actuel en 2018 après avoir siégé pendant quatre mandats à la Chambre des représentants, la politicienne de 52 ans a déjà montré son zèle pour l’ancien président en lui offrant son soutien dès septembre dernier. Seuls 3 de ses 26 homologues républicains l’avaient précédée dans cette voie. Trump n’a pas manqué de la complimenter en retour. « Kristi est une guerrière pour les valeurs américaines », a-t-il dit à propos de cette fille de fermiers qui a notamment promulgué des lois restrictives sur l’avortement et la participation des femmes transgenres à des équipes sportives scolaires conformes à leur identité de genre. Malgré cela, Noem pourrait aider Trump à réduire l’avantage dont Joe Biden a joui en 2020 auprès des femmes. Il en irait de même pour toute colistière.

Tim Scott

PHOTO NORA WILLIAMS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Avant de mettre fin à sa campagne, en novembre dernier, le sénateur républicain de Caroline du Sud a souvent donné l’impression de briguer non pas la présidence, mais la vice-présidence. Comme s’il voulait préserver ses chances de devenir le colistier de Donald Trump, le politicien de 58 ans a laissé passer de nombreuses occasions de le critiquer. Il y a certes eu des exceptions, notamment sur l’avortement. « Le président Trump a dit qu’il négocierait avec les démocrates et qu’il s’éloignerait de ce dont je pense que nous avons besoin, à savoir une limite de 15 semaines au niveau fédéral », a-t-il dit sur NBC. L’ancien président ne lui en a pas tenu rigueur. « C’est un bon gars », a-t-il dit plus tard en rappelant le rôle de son ex-rival dans l’adoption de son programme d’aide économique aux zones défavorisées en 2017. L’unique sénateur noir du Grand Old Party pourrait aider le ticket républicain à réduire l’avantage des démocrates auprès des électeurs afro-américains.

Nikki Haley

PHOTO BRIAN SNYDER, ARCHIVES REUTERS

Il n’est pas rare que le candidat d’un parti à la présidence choisisse un de ses principaux adversaires comme colistier. Ronald Reagan l’a fait en 1980 en arrêtant son choix sur George Bush père, celui-là même qui avait utilisé l’expression « vaudou économique » pour dénoncer ses propositions en matière de réduction d’impôt. Donald Trump n’innoverait donc pas en demandant à l’ex-gouverneure républicaine de Caroline du Sud de se joindre au ticket du Parti républicain, du moins pas sur ce plan. Il créerait cependant un précédent en donnant au GOP une première candidate à la vice-présidence de couleur, fille d’immigrés de surcroît. Il se doterait ainsi d’une colistière expérimentée et relativement jeune (elle aura 52 ans le 20 janvier). Mais la candidate a formulé des critiques à l’endroit de l’ancien président que ce dernier ne semble pas vouloir lui pardonner, du moins pour le moment. Sur Truth Social, Donald Trump ne manque plus jamais l’occasion de traiter son ex-ambassadrice à l’ONU de birdbrain (« tête de linotte »).

Vivek Ramaswamy

PHOTO REBECCA NOBLE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Comme Nikki Haley, l’entrepreneur de 38 ans, qui a fait fortune dans les biotechnologies, est l’enfant d’immigrés indiens. Mais là s’arrêtent les comparaisons entre la politicienne aguerrie, personnification d’un certain establishment républicain, et ce néophyte de la politique en phase avec le populisme du mouvement MAGA. Il va sans dire que le jeune candidat, contrairement à sa rivale, n’a jamais tari d’éloges à l’endroit de Donald Trump, « le meilleur président du XXIsiècle », selon ses propres dires. Il a également été le premier des candidats républicains à la présidence à annoncer qu’il gracierait l’ancien président dès son premier jour à la Maison-Blanche s’il était élu. Ses éloges et promesses ont fait croire à plusieurs observateurs qu’il lorgnait une place sur le ticket républicain. Trump a déclaré de son côté qu’il « serait très bon » comme candidat à la vice-présidence. Peu après, un des conseillers de la campagne du multimillionnaire a rejoint celle de Trump. Son inexpérience et son arrogance pourraient cependant lui nuire.

Elise Stefanik

PHOTO KEN CEDENO, ARCHIVES REUTERS

Personne n’a jamais douté de l’ambition de la représentante de l’État de New York au Congrès, qui a remplacé son ancienne collègue du Wyoming Liz Cheney à la présidence du groupe républicain de la Chambre. Pendant que Cheney dénonçait Donald Trump pour le 6 janvier 2021, elle le défendait bec et ongles, oubliant ses propres critiques de 2016 à l’endroit du futur président. Elle a offert une autre preuve de sa loyauté envers Trump en appuyant sa troisième campagne présidentielle avant même qu’il la lance, en novembre 2022. « Il est très clair que le président Trump est le leader du Parti républicain », a-t-elle alors dit. Récemment, elle a rehaussé son profil lors d’une audition à la Chambre où elle a déstabilisé trois présidentes d’universités prestigieuses sur la question de l’antisémitisme, dont deux ont démissionné depuis. Ses critiques rappellent cependant qu’elle a elle-même véhiculé une version de la théorie du Grand Remplacement populaire auprès des antisémites en accusant les démocrates de vouloir changer l’électorat au moyen de l’immigration illégale.

Tucker Carlson

PHOTO CAITLIN O’HARA, ARCHIVES REUTERS

Les colistiers ou colistières potentiels venant du champ gauche ou de l’extrême droite sont légion. La représentante républicaine de Géorgie Marjorie Taylor Greene fait partie de ce groupe, de même que l’ancien animateur de Fox News, personnification d’un populisme mâtiné de nationalisme blanc. Donald Trump a lui-même fait sa promotion comme colistier potentiel lors d’une interview en novembre dernier : « J’aime beaucoup Tucker. Je pense que je [considérerais sa candidature] parce qu’il a beaucoup de bon sens. » La déclaration de l’ancien président est d’autant plus étonnante qu’elle concerne un homme qui a déjà avoué dans un courriel le haïr « passionnément ». Sa mansuétude envers l’animateur n’est peut-être pas étrangère à l’opinion de sa femme Melania. « Melania Trump est favorable au choix de Tucker Carlson [comme colistier] », a rapporté le site d’information Axios en décembre dernier. « Elle pense que Carlson serait un prolongement puissant de son mari sur scène. » Réaction de l’intéressé : « Je suis un animateur de talk-show. »