(Washington) L’inspecteur général du département américain de la Justice a estimé mardi qu’une « combinaison de négligences et de fautes » a permis au financier Jeffrey Epstein de mettre fin à ses jours dans une prison fédérale de New York alors qu’il attendait son procès pour trafic sexuel.

L’inspecteur général Michael Horowitz a cité comme facteurs dans la mort d’Epstein le fait que le Bureau fédéral des prisons ne lui ait pas assigné de compagnon de cellule après le départ du précédent, ainsi que des problèmes liés aux caméras de surveillance.

M. Horowitz a également souligné qu’Epstein avait été laissé dans sa cellule avec trop de draps de lit, ce qui constitue un problème de sécurité ; ces draps ont été utilisés pour son suicide.

L’inspecteur général a publié un rapport détaillant les conclusions de son enquête sur la mort d’Epstein en août 2019, la dernière de plusieurs enquêtes officielles sur la question. Il a réitéré les conclusions d’autres enquêtes selon lesquelles il n’y avait aucune indication d’acte criminel, réfutant les théories du complot entourant ce suicide très médiatisé.

M. Horowitz s’est fait l’écho de conclusions antérieures selon lesquelles certains membres du personnel de la prison responsables de surveiller Epstein étaient surchargés de travail. Il a identifié 13 employés dont les performances étaient médiocres et a recommandé l’inculpation de six d’entre eux.

Seuls les deux employés chargés de surveiller Epstein ont été inculpés ; ils ont évité une peine de prison dans le cadre d’un accord de plaidoyer après avoir admis avoir falsifié des registres.

PHOTO MARY ALTAFFER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le Metropolitan Correctional Center de New York, où était détenu Epstein.

Ce rapport intervient plus de quatre ans après qu’Epstein se soit donné la mort au Metropolitan Correctional Center alors qu’il attendait son procès pour trafic sexuel et association de malfaiteurs.

Il intervient également quelques semaines après que l’Associated Press ait obtenu des milliers de pages de documents détaillant la détention et la mort d’Epstein, ainsi que ses suites chaotiques.

Les employés affectés à la garde d’Epstein dormaient et faisaient des achats en ligne au lieu de le surveiller toutes les 30 minutes comme il se doit, ont souligné les procureurs.

Nova Noel et Michael Thomas ont admis avoir menti sur les registres de la prison pour faire croire qu’ils avaient effectué les contrôles, mais ils ont évité la prison dans le cadre d’un accord avec les procureurs. Ils ont quitté le Bureau des prisons en avril 2022, a déclaré le porte-parole de l’agence, Benjamin O’Cone.

C’est la deuxième fois en six mois que M. Horowitz impute la mort d’un détenu très médiatisé aux défaillances du Bureau des prisons. En décembre, l’inspecteur général a constaté que des défaillances de gestion, des politiques défectueuses et une incompétence généralisée avaient été des facteurs dans le décès du célèbre gangster James « Whitey » Bulger en 2018 dans une prison de Virginie-Occidentale.

L’AP a obtenu plus de 4000 pages de documents relatifs à la mort d’Epstein auprès du Bureau fédéral des prisons en vertu de la Loi sur la liberté d’information. Ces documents ― qui comprennent une reconstitution des évènements ayant conduit au suicide d’Epstein, des rapports internes, des courriels, des notes de service et d’autres documents ― soulignent à quel point le manque de personnel et des coins coupés ronds ont contribué à la mort d’Epstein.

Epstein a passé 36 jours au Metropolitan Correctional Center de Manhattan, aujourd’hui fermé. Deux semaines avant sa mort, il a été placé sous surveillance anti-suicide pendant 31 heures après ce que les responsables de la prison eurent qualifié de tentative de suicide qui lui a laissé des bleus et des éraflures au cou.

Les employés chargés de surveiller Epstein la nuit de sa mort faisaient des heures supplémentaires. L’un d’entre eux, qui n’est normalement pas affecté à la garde des prisonniers, effectuait un cinquième jour consécutif d’heures supplémentaires. L’autre faisait des heures supplémentaires obligatoires, ce qui signifiait un deuxième quart de travail de huit heures dans la même journée.

En outre, le compagnon de cellule d’Epstein n’est pas revenu après une audience au tribunal la veille, et les responsables de la prison n’ont pas jumelé un autre prisonnier avec lui, le laissant seul.