Les élections de mi-mandat (midterms) auront lieu ce mardi. Pour qui voteront ces Américains croisés par nos journalistes en reportage au cours des dernières semaines ?

James Vetter, retraité, Californie

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James Vetter

Croisé à Newport Beach, en Californie, James Vetter essaie toujours de voter pour « la bonne personne pour le poste ». Mais cette année, il n’est enchanté par aucun candidat. À l’élection présidentielle de 2020, le retraité de 67 ans avait voté pour Joe Biden, « le moindre des deux maux », lance-t-il. L’abrogation de l’arrêt Roe c. Wade, qui protège l’avortement, pourrait le convaincre de voter démocrate à nouveau. « Je suis pour le droit de choisir », soutient le Californien. Il dénonce aussi l’écart entre les riches et les pauvres et déplore le contrôle « de plus en plus strict » des armes à feu.

Will Schupman, étudiant en sociologie, Los Angeles, Californie

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Will Schupman

« Beaucoup de candidats républicains nient les résultats des élections. Le fait qu’ils soient potentiellement élus est effrayant », lance Will Schupman, 27 ans. Ce démocrate étudie sur la terrasse d’un casse-croûte, au campus animé de l’Université de Californie à Los Angeles. Parmi ses principales préoccupations : le logement abordable, la crise de l’itinérance à Los Angeles et l’accès aux soins de santé. Selon lui, le pire scénario serait un retour de Donald Trump au pouvoir à l’élection présidentielle de 2024. « Le pire après ce scénario serait la victoire d’un républicain trumpiste », dit-il.

Stavros Boloven, retraité de l’industrie automobile, Dearborn Heights, Michigan

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Stavros Boloven, La Presse

« J’ai décidé de voter pour la gouverneure Gretchen [Whitmer], je trouve qu’elle a fait un bon travail », dit Stavros Boloven, croisé à Plymouth avec son chien, Harry Brownie. Stavros Boloven préfère la candidate démocrate à la « nouvelle fille », la républicaine Tudor Dixon. Il n’aime pas ses positions sur l’avortement. « Je ne suis pas vraiment pour l’avortement, mais je n’ai pas à dire à une femme quoi faire », explique-t-il. Plus près de son quotidien, il se réjouit des réparations récentes de nids-de-poule — des travaux arrivés à point pour les élections, souligne-t-il avec un sourire.

Emma Smith, travaille en marketing, Northville, Michigan

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Emma Smith

Au début du mois d’octobre, le parc Kellogg, à Plymouth, accueillait une exposition d’épouvantails. Non loin d’une de ces décorations d’Halloween en forme de zombie, Emma Smith allaitait son garçon de 1 mois. D’une famille aux « valeurs très conservatrices », son vote est acquis aux républicains. « C’est toujours comme ça que je vote, ça rejoint mes valeurs », dit-elle. La question de l’avortement la met cependant mal à l’aise. « Je n’ai jamais été dans cette situation et je sympathise, c’est une décision difficile », explique-t-elle, particulièrement lorsque c’est « pour la santé du bébé ou de la femme ».

Evan Valdes, étudiant en marketing, Detroit, Michigan

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Evan Valdes

Étudiant à la University of Detroit Mercy, Evan Valdes a voté pour la première fois lors de l’élection présidentielle il y a deux ans. Début octobre, il n’avait pas encore fait son choix pour les élections de mi-mandat. « Je n’ai pas vraiment suivi la politique », admet-il. La question qui guidera son choix ? L’inflation et la hausse du coût de la vie. « C’est de plus en plus difficile d’acheter des aliments, de l’essence, des vêtements », explique-t-il. Il travaille durant l’été, se concentrant sur ses études le reste de l’année. Il a décroché un stage rémunéré dans le milieu bancaire en période estivale, mais les économies fondent vite, confie-t-il.

Tim Micklin, commerçant, Gila Bend, Arizona

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Tim Micklin

« Oui, je vais voter. Mais je ne vous dirai pas pour qui. Pas très loin d’ici, il y a la frontière. Les gouverneurs de l’Arizona et du Texas ont demandé de l’aide pour en assurer la protection. Le président n’est jamais venu sur place pour voir de ses propres yeux. La vice-présidente Kamala Harris était procureure d’État en Californie, elle a laissé des criminels sortir de prison — des criminels, pas des revendeurs de cannabis ! Il fallait être inconscient, ou sous l’influence de la drogue, pour la nommer à ce poste. J’ai 71 ans, j’ai souvent des problèmes de mémoire. Quand je regarde le président Biden, qui a 80 ans, j’ai de la peine pour lui. Je l’aime bien, mais il ne comprend pas ce qui se passe. »

Victoria Chavez et Joseph Haggerty, étudiants en urbanisme, Université de l’Arizona à Phoenix

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Victoria Chavez et Joseph Haggerty

Joseph : « À la fin, on finit par voter pour les candidats démocrates. C’est frustrant, parce que je fais toujours l’effort de m’informer sur tous les candidats, mais j’ai l’impression que ça a de l’impact seulement pendant les primaires. À mon avis, les candidats qui ont été choisis pendant les primaires n’en font pas assez pour la protection de l’environnement. »

Victoria : « Nous sommes en Arizona. Je comprends que les candidats doivent prendre des positions qui rejoindront la majorité des électeurs. Et les gens ne veulent pas de restrictions sur l’usage de l’eau. Les gens pensent que chacun doit avoir sa voiture, alors ils ne veulent pas payer plus pour le transport en commun. Même chez les démocrates. »

Joseph : « Oui, la politique en Arizona est décevante. Surtout pour des jeunes qui étudient l’urbanisme et l’environnement… Mais quelle est la solution de rechange aux démocrates ? »

Victoria : « C’est possible que les mentalités évoluent, mais ça sera long. Et nous n’avons pas le temps. On atteindra probablement un point où ça ne sera même plus possible de vivre ici. S’il n’y a plus d’eau, il fera trop chaud. »

Carlos Luevano, retraité, Phoenix, Arizona

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Carlos Luevano

« Ça coûte très cher maintenant pour acheter une maison. Mon père lavait des voitures, il avait cinq enfants et avait pu acheter sa maison. Moi, j’ai acheté une maison mobile. Mes enfants font de bons salaires, mais ce n’est pas assez. Alors, non, je ne voterai pas. Nos représentants ne peuvent pas honorer leurs promesses, et les gens finissent par leur tourner le dos. Il y a de plus en plus d’électeurs indépendants. Je crois à l’aide sociale, au logement social, aux subventions pour les enfants. Quand on voit le nombre de sans-abri dans la ville, c’est effrayant. »

Jaquie Garcia, étudiante en gestion, Arizona

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Jaquie Garcia

Le 8 novembre, Jaquie Garcia, 19 ans, votera pour la première fois. Elle espère la victoire de la républicaine Kari Lake, une ex-présentatrice télé vedette et candidate au poste de gouverneure de l’Arizona, qui a remis en doute la victoire de Joe Biden. « Kari croit en ses convictions et elle est prête à les défendre », admire l’étudiante en gestion, qui porte une croix au cou. Les enjeux qui lui tiennent à cœur ? « Interdire l’avortement et protéger notre pays contre l’immigration irrégulière, énumère-t-elle. Je pense que notre religion devrait guider nos positions politiques. »