Les incontournables sondages de sortie des urnes seront regardés avec attention le 4 novembre, jour de l'élection présidentielle américaine, mais le vote pour le démocrate Barack Obama pourrait être surestimé en raison de l'enthousiasme de ses partisans.

En 2004, lors du précédent scrutin présidentiel, ces enquêtes ont donné dans un premier temps un léger avantage à John Kerry, ce qui a valu une fausse joie aux démocrates et quelques sueurs froides aux républicains, dont le candidat George W. Bush l'avait finalement emporté.

Dans un article du National Journal, en mars dernier, Mark Blumenthal éditorialiste du site spécialisé pollster.com, soulignait qu'un phénomène de surévaluation du vote Obama a été observé au cours des primaires démocrates en début d'année. Dans 18 des 20 États pris en considération dans cet article, les votes en faveur de Barack Obama, alors opposé à Hillary Clinton, ont été surestimés de sept points en moyenne.

Cet écart serait dû en partie à l'âge des électeurs de Barack Obama: plus jeunes, d'un enthousiasme plus grand, et d'un niveau d'études supérieur à ceux de Mme Clinton, ils sont plus enclins à répondre à des sondages.

Le même phénomène pourrait se reproduire le 4 novembre, les électeurs de M. Obama étant toujours parmi les plus jeunes, contrairement à ceux du candidat républicain John McCain. Selon un récent sondage Gallup, 65% des électeurs de 18 à 29 ans vont choisir le candidat démocrate et 31% son adversaire républicain.

En outre, les sondeurs sont également parmi les plus jeunes.

«L'un des problèmes (de ces sondages) est que les sondeurs ont tendance à être des jeunes et les personnes plus âgées répondent moins volontiers à des jeunes sondeurs. Si la plupart d'entre eux cette année sont à nouveau des jeunes, cela pourrait mener à une surestimation du vote Obama», affirme Herb Weinsberg, professeur de sciences politiques à l'université de l'État d'Ohio.

M. Weisberg soulève également le problème des électeurs qui ont choisi de voter par anticipation, une possibilité ouverte dans de nombreux États dans les deux semaines qui précèdent le scrutin. «Les sondages de sortie des urnes ne peuvent pas prendre en compte ces votes. Certains sondeurs vont sans aucun doute faire des enquêtes téléphoniques le week-end précédant l'élection pour demander aux gens s'ils ont déjà voté et comment ils ont voté, afin de prendre en compte ce phénomène», explique M. Weinsberg.

Les sondages de sortie des urnes sont effectués depuis 2003 par le National election pool (NEP), un consortium mis en place par les médias ABC News, Associated Press, CBS News, CNN, Fox News et NBC News, qui utilise les organismes spécialisés Edison media research et Mitofsky international pour réaliser des entretiens d'électeurs à la sortie des bureaux de vote dans tout le pays.

Le 4 novembre, l'équipe Edison/Mitofsky a prévu de réaliser plus de 100.000 entretiens avec des électeurs dans plus de 1 000 bureaux de vote dans tous les États-Unis.

«Les sondages de sortie des urnes pourraient surestimer le vote Obama, comme cela a été le cas pour M. Kerry et pour cette raison, il faut être très prudent sur les premiers résultats disponibles entre 17H00 et la fermeture des bureaux de vote», avertit M. Blumenthal.

Sur la côte est des États-Unis les bureaux de votes fermeront entre 19H00 et 21H00. Les premiers résultats officiels sont disponibles peu après l'heure de fermeture.