La communauté internationale a appelé vendredi à fixer l'objectif de «zéro cas» nouveau d'Ebola, déjà visé pour la fin de l'année par le Liberia, le pays le plus touché, afin d'éteindre l'épidémie en Afrique de l'Ouest, qui menace d'embraser le Mali.

Après le décès lundi d'un médecin sierra-léonais évacué aux États-Unis, un membre du contingent médical cubain en Sierra Leone, contaminé, a été transféré jeudi vers Genève. Une coopérante espagnole de Médecins sans frontières (MSF), qui s'est blessée en soignant un malade d'Ebola au Mali, a été rapatriée par précaution vendredi.

L'épidémie - la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique identifiée en 1976 en Afrique centrale - qui s'est déclarée il y a presque un an dans le sud de la Guinée a fait au moins 5459 morts, sur 15 351 cas recensés, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) arrêté au 18 novembre.

Plus de 99 % des cas et des morts se concentrent dans trois pays, souligne l'OMS, précisant qu'actuellement «l'épidémie en Guinée et au Liberia est due à une transmission intense dans quelques provinces clés, alors que la transmission est intense dans tout le nord et l'ouest de la Sierra Leone».

Lors d'une réunion de grandes organisations internationales à Washington, l'OMS, l'ONU et la Banque mondiale ont appelé à se fixer «un objectif extraordinairement difficile: il faut arriver à zéro cas».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a jugé possible de «mettre un terme à l'épidémie d'ici à la moitié de l'année» 2015.

La directrice de l'OMS Margaret Chan, en partance pour le Mali, a appelé à y «éteindre ce petit feu avant qu'il ne soit hors de contrôle».

Le Mali, atteint en octobre, a enregistré jeudi le septième mort d'Ebola sur son sol, après deux cas venus de Guinée, une fillette décédée à Kayes (ouest) sans entraîner de contamination, et un imam à Bamako, qui a transmis le virus à au moins cinq personnes, toutes mortes.

Plus de 300 personnes étaient sous surveillance à la suite de cette dernière chaîne de transmission, dont «deux nouveaux cas suspects ont été identifiés et sont en cours de test», a indiqué le ministère malien de la Santé.

Navire d'aide européenne 

Relevant «les nouveaux cas d'Ebola au Mali et la poussée continue en Sierra Leone», l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, a annoncé vendredi intensifier ses efforts de prévention dans les États voisins vulnérables, considérant qu'aucun pays de la région n'est à l'abri.

Après des mois de retards, les renforts humains et en matériel continuaient à arriver du monde entier.

Au Liberia, qui a reçu l'appui de 2200 militaires américains, et depuis la semaine dernière de 160 médecins militaires chinois, la présidente Ellen Johnson Sirleaf a sonné la reconquête, martelant «l'objectif national de zéro nouveau cas d'ici Noël».

Signe de normalisation, la Commission électorale a annoncé l'ouverture jeudi de la campagne pour le scrutin sénatorial partiel fixé au 16 décembre après un report de deux mois. La star du football George Weah affrontera un fils de la présidente, Robert Sirleaf, pour le siège de la province de Monrovia, la capitale.

Un bateau néerlandais chargé d'aide de neuf pays européens, le «Karel Doorman», dont 160 véhicules et 1.200 tonnes d'équipements hospitaliers, y compris un laboratoire mobile, est arrivé vendredi à Conakry, où il a déposé une partie de sa cargaison. Il était jeudi à Freetown et conclut son périple à Monrovia samedi.

Le président français François Hollande a annoncé vendredi qu'il se rendrait «la semaine prochaine» à Conakry, où son pays participe à la lutte contre l'épidémie, confirmant l'envoi au Mali d'une équipe de quatre experts.

Le président Barack Obama s'est félicité mardi du «réel impact» des efforts américains au Liberia. Mais «nous sommes loin d'être tirés d'affaire en Afrique de l'Ouest», a-t-il souligné.

En conséquence, les États-Unis ont annoncé jeudi accorder un asile provisoire aux ressortissants du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée en situation irrégulière, les protégeant d'une éventuelle expulsion.

La veuve de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, Graça Machel, a sévèrement critiqué vendredi l'inertie des dirigeants politiques et économiques africains face à Ebola.

L'épidémie met à nu «l'extrême faiblesse de nos institutions: nationales, régionales et continentales», a-t-elle estimé, ajoutant: «C'est probablement quand nous nous prendrons au sérieux que les autres le feront».