Les autorités séparatistes prorusses de Lougansk (est de l'Ukraine) ont interdit les activités de plusieurs ONG étrangères, dont Médecins sans Frontières (MSF) et People in Need, évoquant des «violations graves» de leur part, une décision vivement dénoncée vendredi par les intéressés.

«L'accréditation a été refusée à Médecins sans Frontières, qui avait des médicaments interdits dans ses entrepôts. Elle a aussi été refusée à People in Need et IRC (International Rescue Committee), car ils ont violé ses règles», a indiqué à l'AFP le «premier ministre-adjoint» de la République populaire autoproclamée de Lougansk (LNR), Vassili Nikitine.

«Lorsque leur accréditation a expiré, ils ont continué à travailler et ont tout fait pour que nous la leur refusions. Ces missions n'apportaient aucune aide évidente. Seule la Croix-Rouge apporte une véritable aide et nous continuons à travailler avec elle», a-t-il ajouté.

Selon l'agence de presse officielle des rebelles en LNR, au moins 11 ONG étrangères ont fait des demandes d'accréditation, document dont l'obtention est désormais obligatoire, comme pour les médias, afin de pouvoir travailler dans la zone. Le précieux document a été refusé à dix d'entre elles.

Les autorités rebelles ont nettement resserré la vis autour du travail des ONG étrangères dans l'est de l'Ukraine, où le conflit a fait près de 8000 morts depuis son déclenchement en avril 2014, avec notamment la mise en place de ce nouveau système d'accréditation, y compris dans la région séparatiste voisine de Donetsk.

Immédiatement, les ONG concernées ont démenti les accusations dont elles ont fait l'objet et dénoncé cette mesure.

«Nous sommes extrêmement surpris et déçus par le cours des évènements. [...] Nous avons toujours eu des relations de coopération avec les autorités, cependant nous avons été confrontés à des difficultés ces deux derniers mois et nos activités étaient en suspens depuis», a précisé à l'AFP une porte-parole de MSF, Corinne Baker.

MSF a notamment précisé avoir été victime de mesures d'intimidation durant cette période.

«Nous sommes très perturbés par le fait que [les autorités rebelles, NDLR] aient eu recours à de fausses accusations nous concernant dans les médias et qu'elles aient essayé d'intimider nos équipes en envoyant des hommes armés dans notre bureau à de nombreuses reprises au cours des deux dernières semaines», a souligné l'organisation.

Les autorités de la LNR avaient accusé la semaine dernière MSF de stocker «illégalement des médicaments psychotropes» dans la région.