Leaders séparatistes et autorités ukrainiennes assuraient dimanche soir que le cessez-le-feu était globalement respecté dimanche dans l'est de l'Ukraine, malgré la poursuite des bombardements autour de la ville stratégique de Debaltseve, où sont stationnés plusieurs milliers de soldats ukrainiens menacés d'encerclement.

De leur côté, le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko, ont «constaté que le respect du cessez-le-feu était globalement satisfaisant malgré des incidents locaux», au cours d'un entretien téléphonique dont a fait état la présidence française.

Si la ligne de front demeurait relativement calme depuis l'entrée en vigueur de la trêve dimanche à minuit, les positions ukrainiennes ont tout de même été visées à 60 reprises dimanche, a annoncé un porte-parole militaire ukrainien, Anatoli Stelmakh.

Et la ville stratégique de Debaltseve, où sont retranchés plusieurs milliers de soldats ukrainiens menacés d'encerclement, restait «le point le plus chaud», selon lui.

«Des groupes armés ont visé nos troupes avec tous types d'armes, y compris des (lance-roquettes multiples) Grad», a précisé Anatoli Stelmakh, ajoutant que les combattants séparatistes avaient tenté à trois reprises de s'emparer du village de Tchornoukhine, situé cinq kilomètres à l'est de Debaltseve.

Des journalistes de l'AFP présents sur place ont en outre constaté que les tirs d'artillerie ne baissaient pas d'intensité autour de Debaltseve. «Ça a tiré toute la nuit et toute la journée», résumait Oleg, responsable d'une base rebelle qui se trouve à quelques kilomètres de cette ville, près d'une mine abandonnée.

Un haut dirigeant séparatiste, Edouard Bassourine, a pour sa part assuré que le cessez-le-feu était «largement respecté», tout en accusant l'armée ukrainienne d'être responsable de plusieurs violations.

Cette trêve doit être la première étape d'un plan de paix visant à mettre fin à un conflit ayant fait plus de 5500 morts en dix mois, et dont la prochaine étape est le retrait des armes lourdes du front, qui doit commencer au plus tard 48 heures après le début du cessez-le-feu. «Nous allons commencer à retirer nos armes dans les délais impartis», a précisé M. Bassourine.

Pressions internationales

Mais la situation à Debaltseve, un noeud ferroviaire reliant les deux «capitales» séparatistes de Donetsk et de Lougansk, suscitait depuis plusieurs jours des doutes quant à une application effective de la trêve. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait expliqué samedi que les tentatives des soldats ukrainiens encerclés à Debaltseve de sortir «du chaudron» seraient considérées comme une violation du cessez-le-feu.

C'est d'ailleurs de Debaltseve que des observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), mandatés pour observer l'application du cessez-le-feu, se sont vu empêcher l'entrée dimanche.

Pour autant, l'OSCE a estimé au cours d'une conférence de presse que le «cessez-le-feu est dans l'ensemble respecté» dans la région.

«Nous espérons que le cessez-le-feu sera totalement respecté d'ici à quelques heures. Il faut un peu de temps, ce n'est pas un processus instantané», avait déclaré plus tôt à l'AFP Ilia Kiva, responsable du ministère ukrainien de l'Intérieur dans la région de Donetsk.

Samedi, le président américain Barack Obama a appelé M. Porochenko pour lui exprimer sa «sympathie» et sa profonde «inquiétude» concernant notamment la situation «dans et autour de la ville de Debaltseve», a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué.

Le président ukrainien a également évoqué le sujet avec M. Hollande et Mme Merkel. Selon un haut responsable du département d'État, le secrétaire d'État John Kerry a insisté sur le respect strict des accords passés à Minsk, dans un entretien téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

M. Alexandre Zakhartchenko, dirigeant de la République séparatiste de Donetsk, avait signé samedi en fin d'après-midi un décret introduisant le cessez-le-feu qui donne cependant le droit aux rebelles de riposter à des «tirs contre les infrastructures militaires et civiles de la République populaire de Donetsk».

Calme et espoir à Donetsk

À Donetsk, les habitants se réjouissaient dimanche d'une première nuit passée sans bombardement, même si un journaliste de l'AFP a entendu une salve d'artillerie en fin de matinée.

«Le cessez-le feu, nous l'avons attendu comme on attend les douze coups de minuit pour le Nouvel An!», a déclaré à l'AFP Natalia Alexandrovna, 50 ans, vendeuse sur un marché inhabituellement animé en comparaison à ces derniers mois.

«Les gens ici sont tellement abattus par les bombardements quotidiens qu'ils ont du mal à croire que la situation peut s'améliorer», a-t-elle cependant ajouté.

Les troupes ukrainiennes ne semblaient pas non plus croire à une trêve durable. «Il y a de l'espoir, mais il est infime», a estimé un soldat stationné à 25 km de Debaltseve.