L'extrémiste de droite Anders Behring Breivik est suffisamment sain d'esprit pour être tenu pour pénalement responsable des attaques qui ont ensanglanté la Norvège l'an dernier, ont affirmé lundi des spécialistes médicaux appelés à témoigner par la défense.

La culpabilité ne faisant aucun doute, la santé mentale de Breivik est au coeur du procès de Breivik qui avait tué 77 personnes le 22 juillet 2011 en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis en ouvrant le feu sur un camp de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utoya.

S'étant lui-même entretenu 26 heures avec l'accusé pendant sa détention, le spécialiste en psychologie Eirik Johannesen a déclaré à la barre être « entièrement convaincu » que Breivik n'était pas psychotique, imputant ses vues hors de l'ordinaire à son extrémisme politique et non à la maladie.

« Vu son idéologie, je ne pense pas qu'il puisse être traité au moyen d'une thérapie ou avec des médicaments », a souligné M. Johannesen pour qui rencontrer Breivik était « un peu comme rencontrer Hannibal (le cannibale) » dans le film Le silence des agneaux.

Les spécialistes peinent à s'entendre sur un diagnostic pour l'auteur des attaques du 22 juillet.

Deux psychiatres mandatés par la justice ont jugé l'an dernier qu'il était psychotique, souffrant de « schizophrénie paranoïde », et qu'il était donc pénalement irresponsable.

Mais une contre-expertise officielle réalisée cette année par deux autres experts a au contraire conclu à sa responsabilité, ayant relevé chez lui des troubles de la personnalité -«narcissique» et « asocial »- mais aucun signe de psychose.

Lundi, le tribunal a aussi entendu le témoignage du professeur en psychiatrie Einar Kringlen qui a fait volte-face, ayant d'abord soutenu les résultats de la première évaluation psychiatrique avant de se ranger derrière la seconde.

« Le Mal ne s'explique pas toujours par la maladie », a-t-il déclaré, en citant l'exemple de l'Holocauste.

Breivik, lui, tient à être reconnu sain d'esprit pour ne pas voir son idéologie invalidée par un diagnostic de démence.

S'il est reconnu pénalement irresponsable, Breivik risque l'internement psychiatrique, potentiellement à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.

Les juges devront trancher cette question dans leur verdict attendu le 20 juillet ou le 24 août.