Le Canada espionne-t-il ses citoyens ? L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique n'en doute pas un instant. Elle a engagé mardi une poursuite contre le Centre de sécurité de télécommunications du Canada (CSTC), l'équivalent canadien de la National Security Agency (NSA) américaine, alors que la question de la protection des données personnelles suscite polémique sur polémique dans le monde. Quatre mots pour comprendre.

Espionnage

Dans sa poursuite déposée en Cour suprême provinciale, l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique allègue que l'interception des communications privées des Canadiens et la collecte de leurs métadonnées par le CSTC, qui nie toute transgression, sont inconstitutionnelles. Les activités de " surveillance gouvernementales sans contrôle " représentent une " grave menace " pour les libertés démocratiques, affirme l'avocat Joseph Arvay. L'Association demande que le CSTC ne se contente plus de l'approbation du ministre de la Défense pour espionner les Canadiens. Elle devrait plutôt obtenir des mandats auprès des tribunaux. Dans son dernier rapport au Parlement canadien, en août dernier, l'ancien commissaire du CSTC, Robert Décary, avait lui-même évoqué le fait que des Canadiens ont pu être espionnés par l'agence fédérale.

Snowden

Depuis les révélations d'Edward Snowden au sujet du programme d'espionnage Prism de la NSA, des médias ont mis au jour des programmes similaires dans plusieurs autres pays. En juillet dernier, le quotidien Le Monde a révélé que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) espionne elle aussi les citoyens français. Et la DGSE intercepte également des communications hors des frontières françaises. Même le Canada s'est retrouvé récemment sous les feux des projecteurs quand un média brésilien a révélé que le CSTC s'est livré à de l'espionnage industriel contre le gouvernement du Brésil.

France

Washington se trouve encore une fois embarrassé par les dernières révélations du consultant en exil Edward Snowden, aujourd'hui réfugié en Russie. Des notes internes obtenues par Le Monde ont démontré que la NSA a aussi espionné les missions diplomatiques françaises à New York et à Washington. L'agence américaine a utilisé des mouchards électroniques dans des ordinateurs du personnel consulaire français. Rien qui soit de nature à améliorer les relations entre les deux pays, déjà écorchées par la révélation, lundi, que la NSA a intercepté des millions de communications sur le territoire français.

Reding

La protection des données personnelles préoccupe de plus en plus les gouvernements, particulièrement outre-mer. Le Parlement européen a approuvé lundi une série de propositions pour contrôler les transferts de données personnelles des citoyens de l'Union européenne. Les principaux groupes internet se verraient obligés d'obtenir l'accord des citoyens pour l'utilisation de leurs données personnelles. La commissaire chargée de la justice, Viviane Reding, veut empêcher le transfert de ces données hors de l'Europe. La proposition vise particulièrement les géants américains de l'internet comme Google et Facebook. Le projet prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 5 % du chiffre d'affaires de l'entreprise fautive.

Avec Le Monde, La Presse Canadienne et l'Agence France-Presse