Les Haïtiens se sont rassemblés dimanche dans les lieux de culte du pays encore debout pour se recueillir et pleurer les 150 000 morts du séisme du 12 janvier, à la veille d'une réunion d'urgence à Montréal pour coordonner l'aide humanitaire.

Aux abords de la cathédrale de Port-au-Prince en ruine et dans d'autres quartiers de la ville, les fidèles s'interrogeaient sur la volonté divine, alors que les autorités estiment que le bilan de la tragédie atteindra 150 000 morts lundi et craignent que 200 000 autres cadavres ne soient encore enfouis sous les décombres.

Après cette journée de prière, les «pays amis» d'Haïti (Etats-Unis, France, Espagne, Brésil, Nations unies et Organisation des Etats américains) s'attacheront lundi à Montréal à faire le bilan de la situation et coordonner l'aide.

Puis ils passeront à l'essentiel, la reconstruction du pays avec la préparation d'une conférence prévue en mars.

Le gouvernement haïtien a dit dimanche se réjouir de la réponse de la communauté internationale mais a insisté sur la nécessité de voir les promesses de dons se concrétiser.

Dans le pays, la Première dame d'Haïti Elisabeth Préval a pris la défense de son époux le président René Préval accusé de laxisme par une partie de ses concitoyens pour sa gestion après le séisme.

Sur le terrain, malgré l'arrêt officiel des recherches de survivants, des secouristes français ont annoncé à l'AFP avoir détecté dimanche des mouvements sous les décombres d'un bâtiment et rechercher un éventuel survivant.

Samedi, Wismond Exantus, un homme de 25 ans avait été dégagé des ruines de Port-au-Prince.

Au total, 133 personnes ont été dégagées vivantes des décombres depuis le tremblement de terre qui a fait 112 226 morts, plus de 194 000 blessés et un million de sans-abri.

Les équipes légères de recherches et de secours, envoyées par divers pays, ont commencé à plier bagage mais celles disposant de matériels lourds de levage et forage sont désormais employées à déblayer.

Et dans la capitale, les pillages semblaient se multiplier au fur et à mesure que les pelleteuses déblayaient les décombres des commerces effondrés sous le regard impuissant de la police qui a perdu de nombreux hommes alors que des criminels ont profité du séisme pour s'échapper.

Environ 4 000 détenus ont ainsi réussi à s'enfuir du pénitencier principal de Port-au-Prince, à Cité Soleil, quartier le plus pauvre et le plus dangereux de la capitale haïtienne.

Dans la rue du Miracle, une vingtaine de personnes perchée sur les ruines d'un gigantesque bâtiment attendait chaque coup de pelleteuse avec impatience sous l'oeil d'un policier fataliste.

«Qu'est ce que je peux faire? Nous n'avons plus de prison», a relevé le policier.

Du côté des opérations humanitaires, la distribution de nourriture, d'eau, de soins médicaux et d'abris se poursuivait. Près de 610 000 personnes sont hébergées dans 500 camps de fortune et plus d'une trentaine d'hôpitaux avec capacité opératoire fonctionnent.

Selon le ministère haïtien de l'Intérieur, la moitié des maisons de Port-au-Prince, Jacmel et Léogâne, les trois villes les plus affectées, sont détruites.

L'organisation internationale pour les migrations (OIM) a évalué dimanche depuis son siège de Genève à 100.000 le nombre de tentes supplémentaires nécessaires pour loger, au moins temporairement, un demi-million de sans-abri.

Des ONG ont mis en garde contre le recours à des solutions qui iraient à l'encontre de la volonté de la population.

Le chef de la mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah), Edmond Mulet, a affirmé dimanche avoir d'énormes besoins en personnel, en soldats, en essence et en véhicules pour faire parvenir l'aide à la population.

«J'ai besoin de personnel. J'ai besoin de soldats (...). Et nous avons aussi besoin de voitures, de camions» et d'essence pour aider la population, a dit M. Mulet à la chaîne américaine CNN.

La présence dans le pays du contingent américain, qui devait atteindre 20 000 hommes dans la journée de dimanche, a été critiquée par la Bolivie, le Nicaragua et le Venezuela, ainsi que par le dirigeant cubain Fidel Castro, qui a déploré dimanche le silence de l'ONU sur cette «occupation».

Aux États-Unis, un téléthon, animé par l'acteur George Clooney, avec des vedettes comme Wyclef Jean, Madonna, Bruce Springsteen, Jennifer Hudson, Beyonce, Coldplay ou Bono, a permis de recueillir samedi 58 millions de dollars (41 millions d'euros) de dons.