Le Premier ministre japonais Naoto Kan devait se rendre samedi dans le nord-est du pays dévasté il y a exactement trois mois par un séisme et un tsunami géants, alors que des milliers de personnes étaient attendues à Tokyo pour une manifestation contre le nucléaire et la centrale de Fukushima.

Le 11 mars, une secousse de magnitude 9 au fond de l'océan Pacifique a déclenché un énorme raz-de-marée qui a détruit des villes et des villages entiers de la côte du Tohoku (nord-est), faisant plus de 23.000 morts et disparus.

Une vague de 14 mètres de haut a également gravement endommagé la centrale nucléaire Fukushima Daiichi (N°1), construite au bord de l'océan, à 220 km de Tokyo, provoquant la plus grave crise nucléaire depuis celle de Tchernobyl il y a 25 ans.

Trois mois plus tard, plus de 90 000 personnes, évacuées du site atomique ou des zones dévastées par la mer, sont toujours réfugiées dans des centres d'accueil et désespèrent de pouvoir un jour rentrer chez eux.

Au centre des critiques, le Premier ministre Kan, 64 ans, accusé d'avoir mal géré la catastrophe et dont les jours au sommet de l'État sont comptés.

Il devait assister dans le port de Kamaishi à un forum organisé par le gouvernement sur l'amélioration des conditions de vie des survivants, a indiqué son porte-parole.

«L'aide fournie aux autorités des régions dévastées n'a pas été suffisante», a critiqué samedi dans un éditorial le journal Yomiuri. «Le nettoyage des débris a pris beaucoup trop de retard et la construction de logements temporaires pour les évacués n'est pas encore terminée.»

La reconstruction dans la zone côtière du Tohoku, recouverte de 25 millions de tonnes de débris et 16 millions de tonnes de boue, prendra des années et pourrait coûter des centaines de milliards d'euros, selon des experts.

Autour de la centrale accidentée de Fukushima, une zone interdite de 20 km de rayon a été décrétée, mais d'autres villes ou villages situés au-delà continuent de recevoir des particules radioactives.

Plusieurs milliers de manifestants antinucléaires, à Tokyo et dans d'autres villes du Japon, devaient observer une minute de silence à la mémoire des victimes, à 14h46 (1h46, heure de Montréal) heure exacte du séisme.