Israël et le Hamas ont donné leur accord à un cessez-le-feu de douze heures samedi dans la bande de Gaza, le secrétaire d'État américain John Kerry ayant échoué à arracher une trêve plus durable entre les belligérants.

Dans la nuit de vendredi à samedi, un responsable du mouvement islamiste palestinien a annoncé à l'AFP avoir accepté de respecter cette pause à partir de 8h00 locales (1h00 heure du Québec), au bout de 18 jours d'un conflit qui a fait plus de 900 morts depuis le 8 juillet.

Un peu plus tard, l'armée israélienne a confirmé qu'elle la respecterait aussi, tout en prévenant qu'elle riposterait en cas d'attaques contre ses soldats ou des civils israéliens.

Cette promesse de répit est arrivée alors que le pessimisme semblait l'emporter : le cabinet de sécurité israélien avait auparavant rejeté «à l'unanimité» le projet transmis par John Kerry, selon les médias israéliens.

Toutefois, les efforts diplomatiques devraient reprendre samedi à Paris, où se tiendra à partir de 11h00 (5h00 heure du Québec) une réunion internationale sur la situation à Gaza en présence des ministres des Affaires étrangères des principaux pays impliqués.

Outre John Kerry, arrivé sur place dans la nuit, y participeront ses homologues français, britannique, allemand, italien, qatari, turc et de l'Union européenne.

Côté israélien, plusieurs hauts responsables cités par les radios publique et militaire israéliennes ont jugé les termes de la trêve transmis par M. Kerry trop favorables au Hamas.

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri, les belligérants n'ont «pas fait preuve d'une volonté suffisante pour négocier» et décrocher un accord.

Mais John Kerry, présent à ses côtés, s'est montré moins négatif, assurant que «le cadre fondamental» d'un cessez-le-feu durable avait été fixé et évoquant des points de «terminologie» à régler.

«Ce qui se dessine serait une trêve humanitaire de sept jours pour permettre à toutes les parties de venir discuter au Caire», avait auparavant expliqué à l'AFP un proche du président palestinien Mahmoud Abbas.

Conditions

Une fois obtenu le silence des canons, restera à s'attaquer aux questions de fond et aux divergences profondes entre belligérants.

Israël a fixé pour mission à son armée qui s'est déployée sur le sol de la bande de Gaza le 17 juillet, de détruire l'arsenal du Hamas et de son allié le Jihad islamique, notamment les roquettes qui ont fauché deux Israéliens et un ouvrier agricole thaïlandais.

Autre priorité de l'opération «Bordure protectrice» : les tunnels utilisés par le Hamas pour mener des attaques au coeur de l'État hébreu. Sur ce second point, l'armée a prévenu qu'elle poursuivrait ses opérations durant la trêve de samedi.

Signe de cette détermination affichée, le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a même appelé vendredi ses soldats à se tenir prêts à «un élargissement significatif des opérations terrestres à Gaza».

Mais le Hamas, qui avait rejeté la semaine dernière une mouture d'accord élaborée par l'Égypte, a aussi ses exigences, la principale étant un engagement d'Israël à lever le blocus qui asphyxie depuis 2006 l'économie de ce minuscule territoire de 362 km2.

En attendant un cessez-le-feu et de très incertaines négociations, les combats se sont poursuivis jusque dans la nuit du nord au sud de Gaza.

Huit Palestiniens, dont quatre enfants, ont été tués dans la nuit lors d'une frappe aérienne à Khan Younès (sud), selon les secours locaux, ce qui porte le bilan côté palestinien à 879 morts et 5750 blessés.

De son côté, même si Israël assure avoir tué 240 de ses combattants et frappe inlassablement ses infrastructures, le Hamas s'emploie à démontrer que ses moyens militaires n'ont pas été annihilés : des roquettes, qui ont tué trois civils depuis le 8 juillet, continuent de viser Israël.

Avec 35 soldats morts au combat, il s'agit des pertes les plus lourdes pour l'armée israélienne depuis la guerre en 2006 contre le Hezbollah libanais.

La Cisjordanie s'embrase

Et le conflit à Gaza, le quatrième depuis que l'armée israélienne s'est retirée de ce territoire en 2005, a des conséquences sur la Cisjordanie occupée, théâtre de violents affrontements rappelant des scènes des deux intifadas.

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Au terme d'un «jour de colère», les affrontements se sont poursuivis dans la nuit, avec notamment la mort de deux Palestiniens de 16 et 18 ans lors d'affrontements avec l'armée israélienne. En 24 heures, une dizaine de Palestiniens de Cisjordanie ont perdu la vie.

Israël doit aussi faire face aux critiques sur le tribut payé par les civils palestiniens, notamment les plus jeunes. L'Unicef a fait état vendredi d'un bilan d'«au moins 192 enfants» tués dans la bande de Gaza.

Au lendemain du drame dans son école de Beit Hanoun (nord), où selon les secours palestiniens une quinzaine de réfugiés ont été tués par un obus israélien, l'Agence pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a de nouveau lancé un signal d'alarme sur la situation humanitaire.

Selon l'UNWRA, 160 000 réfugiés sont hébergés dans 83 refuges, ce qui représente près de 10% de la population.