Le Hamas a promis mercredi de combattre l'armée israélienne «jusqu'au dernier souffle» en cas d'offensive terrestre dans la bande de Gaza qui semblait se rapprocher après le rejet de propositions de trêve par Israël.

«Au Hamas, nous sommes prêts à tous les cas de figure et nous combattrons jusqu'au dernier souffle», a déclaré à l'AFP le député Moushir Al-Masri, chef du groupe parlementaire du Hamas.

«Israël se lancera dans une véritable aventure s'il se décide à envahir Gaza. Nous leur réservons des surprises», a-t-il menacé.

Dans un discours télévisé, le chef de gouvernement du Hamas Ismaïl Haniyeh a également assuré que «le peuple palestinien vaincra les chars» israéliens en cas d'incursion terrestre.

Sans évoquer concrètement de trêve, il a déclaré: «Si l'agression est stoppée sans condition, le blocus levé et les points de passage (entre la bande de Gaza et Israël) ouverts, nous pourrons alors discuter de toutes les questions de manière positive».

Les médias israéliens spéculaient dans la soirée sur l'imminence d'une offensive terrestre après le rejet des propositions de trêve de la communauté internationale par Israël au cinquième jour de son offensive meurtrière dans le territoire contrôlé par le mouvement islamiste.

«Nos forces terrestres sont toujours déployées autour de la bande de Gaza et sont prêtes à agir si l'ordre en est donné», a indiqué à l'AFP la porte-parole militaire Avital Leibovitz.

A l'issue d'une réunion, le cabinet de sécurité a annoncé qu'il refusait les propositions de trêve, formulées mardi par l'Union européenne et le Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, UE, Russie et ONU), affirmant sa détermination à poursuivre l'offensive lancée samedi à Gaza, selon un haut responsable israélien.

Le Premier ministre du gouvernement de transition Ehud Olmert, dont les propos ont été rapportés par ce responsable, a affirmé après les discussions que «l'opération n'a pas été lancée à Gaza pour qu'elle se termine avec le même nombre de tirs de roquettes qu'au début de l'offensive».

Peu avant, Israël avait aussi rejeté l'idée d'un cessez-le-feu provisoire, suggérée par le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.

Le président français Nicolas Sarkozy se rendra lundi en Egypte, en Cisjordanie et en Israël, et mardi en Syrie et au Liban dans le cadre de sa tournée au Proche-Orient, a annoncé mercredi l'Elysée.

Par ailleurs, il doit recevoir jeudi à l'Elysée la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni.

A Washington, la Maison Blanche a affirmé qu'il appartenait au Hamas de faire le premier pas pour un cessez-le-feu en arrêtant ses tirs sur Israël, notant que le président George W. Bush et M. Olmert étaient «sur la même longueur d'onde» sur cette question.

Le Hamas a quant à lui accusé les médiateurs internationaux de mettre «la victime et le bourreau sur un pied d'égalité», affirmant qu'aucune proposition de trêve ne lui avait été formellement remise.

Dans la soirée, l'aviation israélienne a repris ses bombardements, pour la troisième fois depuis le début de l'opération, des tunnels de contrebande de Rafah, dans le sud de Gaza, selon des témoins.

Ces frappes ont pour but de stopper l'approvisionnement du Hamas en armes et munitions.

Une Palestinienne a été tuée dans un raid aérien à Jabaliya, au nord de Gaza, selon des sources hospitalières.

L'aviation israélienne a effectué mercredi pas moins de 60 sorties, selon son porte-parole.

Au total, au moins 394 Palestiniens, en majorité membres du Hamas, ont été tués, et plus de 1 900 blessés dans les attaques israéliennes depuis samedi, selon les services d'urgence à Gaza.

Au moins 25% des victimes sont des civils, selon les Nations unies.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a mis en garde que «aussi bien les attaques directes contre des civils que des attaques sans discrimination» constituent des violations du droit humanitaire international.

Au moins 60 roquettes palestiniennes, selon la police, se sont abattues sur le sud d'Israël, dont quatre à Beersheva, capitale du Néguev, à une quarantaine de km de la bande de Gaza, une distance record. Ces tirs ont fait plusieurs blessés légers, notamment à Ashkelon.

Ces tirs de Gaza ont fait depuis samedi quatre morts en Israël, dont un soldat, et plusieurs dizaines de blessés.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui n'exerce plus aucun contrôle sur Gaza d'où ses forces ont été délogées par le Hamas en juin 2007, en a appelé au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il adopte une résolution imposant un cessez-le-feu. A ce sujet, il doit se rendre lundi à New York, siège de l'ONU, selon son porte-parole Nabil Abou Roudeina.

La Ligue arabe s'est elle aussi prononcée en faveur d'une résolution «contraignante» du Conseil de sécurité exigeant la fin de «l'aggression israélienne».

Dans un discours télévisé, M. Abbas a en outre menacé de renoncer aux négociations de paix avec Israël faute de progrès et pour ne pas cautionner l'«agression» de l'Etat hébreu.