Des violences se sont une nouvelle fois produites en Californie vendredi, en marge d'un rassemblement de Donald Trump, scènes qui font désormais partie intégrante des déplacements publics du favori républicain aux primaires présidentielles.

Près d'un millier de personnes, selon une estimation d'un photographe de l'AFP, ont manifesté devant l'hôtel Hyatt Regency de Burlingame, près de l'aéroport de San Francisco, où se tenait une convention républicaine et où Donald Trump a prononcé un discours.

Plusieurs dizaines de manifestants ont lancé des oeufs sur la police puis forcé un barrage pour tenter de pénétrer dans l'hôtel. Ils ont été refoulés à coups de matraque.

« Il y a eu cinq arrestations pour des accusations d'obstruction et résistance aux forces de l'ordre », a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police, Kevin Kashiwahara.

Autour du bâtiment, des pancartes où l'on pouvait lire « Non à la haine, non au racisme, non à Trump », « Nous avons besoin d'un rassembleur pas d'un diviseur » ou encore « Trump est le Hitler des temps modernes ».

Le magnat de l'immobilier a été contraint d'abandonner son cortège sur une autoroute voisine et de pénétrer dans l'hôtel par une porte dérobée sous haute protection policière.

« Ce n'est pas l'entrée la plus facile que j'ai faite », a-t-il plaisanté, ajoutant avoir dû passer au-dessus d'une clôture. « C'était comme traverser la frontière. Mais j'y suis arrivé ».

La primaire de Californie, l'État américain le plus peuplé où 172 délégués sont en jeu, sera déterminante le 7 juin pour Donald Trump s'il veut obtenir les 1237 délégués nécessaires pour emporter l'investiture républicaine face à son principal rival Ted Cruz.

Ce dernier a encore été la cible du milliardaire: « On va très bientôt en finir [...] nous avons besoin d'unité dans ce parti », a-t-il lancé aux républicains dans la salle.

« Nous ne sommes pas comme il se l'imagine »

Pendant ce temps, dehors, un photographe de l'AFP a vu des manifestants lancer une chaise sur une vitre pour tenter de la briser afin d'entrer dans le bâtiment, et au moins un partisan de Donald Trump a été pris violemment à partie par les manifestants.

De nombreux manifestants brandissaient des drapeaux mexicains, cible privilégiée du candidat depuis le début de sa campagne. Il a ainsi qualifié les habitants de ce pays de « violeurs » et de criminels, et appelé à construire un mur le long de la frontière entre les deux pays.

Il a aussi assuré qu'il renverrait les 11 millions de résidents sans-papiers des États-Unis, majoritairement d'origine hispanique, s'il était élu président.

« Je suis ici car je n'aime pas tout ce que raconte Trump au sujet des immigrés et des Hispanos », a expliqué Eric Lopez. « Nous ne sommes pas comme il se l'imagine ».

Jorge-Mario Cabrera, porte-parole de la Coalition pour les droits des immigrés de Los Angeles (CHIRLA) a fustigé la rhétorique de M. Trump et appelé à le battre aux urnes.

« Notre communauté en a assez d'être dénigrée, humiliée et attaquée », a-t-il déclaré à l'AFP. « Toutefois, nous devons manifester pacifiquement, comme nous l'avons toujours fait, et aller voter ».

Jeudi soir, une vingtaine de personnes avaient déjà été arrêtées lors d'échauffourées en marge d'un autre rassemblement en faveur du milliardaire en banlieue de Los Angeles.

Les manifestants avaient alors lancé des pierres sur des voitures et saccagé des véhicules. La vitre d'une voiture de police avait ainsi été brisée et les pneus d'une autre crevés.

Les incidents violents se multiplient lors ou en marge de discours de campagne de Donald Trump, qui fait la course en tête pour l'investiture du parti républicain en vue de la présidentielle du 8 novembre.

L'homme d'affaires, qui en était même arrivé à annuler un meeting à Chicago pour cette raison, n'hésite pourtant pas à user de la rhétorique incendiaire durant ses discours. Il avait par exemple enjoint ses partisans à « cogner », promettant de payer leurs frais d'avocats ou encore affirmé qu'il aimerait « donner un coup de poing dans la figure » d'un perturbateur.

Sa rivale démocrate, Hillary Clinton a taxé M. Trump de « pyromane politique ». « Si vous jouer avec le feu, vous allez causer un incendie incontrôlable ».

PHOTO GABRIELLE LURIE, AFP

Donald Trump a prononcé un discours à l'hôtel Hyatt Regency de Burlingame, vendredi.