Le groupe ultraradical État islamique (EI) multiplie les contre-attaques à Raqqa à mesure qu'il se retrouve cerné dans son principal fief en Syrie, ont confié à l'AFP des combattants antidjihadistes sur le terrain.

Les Forces démocratiques syriennes - alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par les États-Unis - sont parvenues à chasser l'EI de la moitié de Raqqa, moins de deux mois après y être entrées.

Elles ont déclenché il y a huit mois une offensive en vue de s'emparer de Raqqa où elles ont pénétré le 6 juin, pris le contrôle de plusieurs quartiers et se rapprochent désormais du centre-ville.

« Plus on avance vers le centre-ville, plus l'EI se défend car il est complètement assiégé », affirme Davram Dersem, un commandant local, au journaliste de l'AFP sur place.

« Ils sont acculés comme un animal blessé [...] c'est leur principal fief, ils ne vont pas l'abandonner facilement », ajoute-t-il en langue kurde, dans le quartier d'al-Dariya, situé dans l'ouest de Raqqa et théâtre de violents combats.

Dans l'air retentissent des tirs d'obus de mortier et une grosse fumée s'élève au-dessus d'immeubles plus éloignés, après des frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par Washington.

Dans le quartier contigu de Massaken al-Doubbat, Talal Charif, combattant kurde de 24 ans, explique l'intensité des contre-attaques jihadistes, en pointant du doigt les immeubles dévastés devant lui.

« Toute cette destruction, c'est la conséquence de leurs voitures piégées », dit le jeune homme, le visage marqué par la fatigue.

« Dans chacune de ces rues, il y a eu au moins quatre voitures piégées qui ont explosé », assure-t-il.

Autour de lui, des combattants antidjihadistes traversent rapidement les rues pour éviter les tireurs embusqués.

« Petit à petit, ils sont asphyxiés à Raqqa, c'est pour cela qu'ils résistent. La plupart se font exploser, mais il y a des mines, des voitures piégées... c'est une violente bataille », souligne encore Talal.

« Bataille de vie ou de mort »

Il se souvient encore lorsque, durant les combats dans un autre quartier, un de ses compagnons d'armes a surpris quatre djihadistes endormis dans une maison.

« Il nous a alertés et durant le raid, l'un des djihadistes s'est fait exploser, deux autres ont été tués et un fait prisonnier », se rappelle-t-il.

Et lorsqu'ils n'ont pas recours aux ceintures explosives et voitures piégées, les combattants de l'EI ont une autre arme en main.

« Dans les combats rapprochés, ils lancent des grenades, pour eux c'est une bataille de vie ou de mort », explique Davram Dersem, le commandant, qui se souvient de combats pendant lesquels les djihadistes ont lancé des grenades « pendant deux heures ».

L'EI s'était emparé de cette cité en 2014 et contrôle encore une bonne partie de la province du même nom.

Selon les Nations unies, il reste encore entre 20 000 et 50 000 civils pris au piège à Raqqa.

Mi-juillet, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) affirmait que les réserves d'eau, de médicaments et d'autres produits de première nécessité s'amenuisaient dans la cité.

Les civils font face aux djihadistes, qui menacent ceux qui tentent de fuir, mais aussi au danger des frappes aériennes de la coalition.

L'OSDH rapportait vendredi soir que 21 civils - dont huit enfants d'une même famille - avaient péri « dans des bombardements recrudescents de la coalition » durant les précédentes 24 heures.

Pour Nasser Hajj Mansour, conseiller du commandement général des FDS, la bataille de Raqqa n'est pas prête de se terminer.

« Elle est peut-être encore longue », dit-il. « Durant les prochains jours, les combats vont devenir plus féroces car les djihadistes de l'EI vont soit fuir en se cachant parmi les civils soit se battre jusqu'au bout ».