Alors que les partis de l'opposition continuent à mettre en doute la stratégie du gouvernement Harper en Irak, l'administration Obama salue la décision du Canada de se joindre à la coalition internationale contre le groupe État islamique.

«Les États-Unis saluent la décision du gouvernement canadien de déployer des avions de chasse, des avions de surveillance et de ravitaillement pour participer à la campagne pour réduire et détruire l'EI en Irak. Nous sommes aussi reconnaissants du déploiement de troupes canadiennes en Irak pour conseiller et aider les troupes irakiennes ainsi que la poursuite de l'aide humanitaire», a affirmé Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche.

«Avec cette contribution, le Canada démontre encore une fois son leadership et sa détermination à s'attaquer aux défis urgents et sérieux en matière de sécurité qui menacent le Canada, sa population, et la sécurité internationale en générale», a ajouté le porte-parole.

Aux Communes, hier, le premier ministre Stephen Harper n'a pas voulu préciser dans quel pays les troupes canadiennes seront stationnées, mais certains médias ont évoqué le Koweït. Les avions de chasse pourraient faire leurs premières sorties d'ici trois semaines.

M. Harper a de nouveau défendu la justesse de cette mission, soulignant que la communauté internationale doit tout mettre en oeuvre pour stopper la progression fulgurante de l'EI.

«Nous sommes dans une mission militaire contre l'État islamique et il est important, à notre avis, que cette organisation terroriste n'ait pas de refuge sécuritaire dans la région», a-t-il déclaré.

«Des corridors humanitaires»

Pour sa part, le ministre du Développement international, Christian Paradis, a invoqué une autre raison pour justifier les frappes aériennes hier. Selon lui, ces frappes en Irak permettront d'élargir des corridors humanitaires pour livrer de l'aide aux réfugiés qui tentent d'échapper aux exactions de l'EI.

«Il y a des corridors humanitaires qui doivent être faits. Pour être capable d'atteindre les gens encore dans des milieux plus difficiles, ça prend cette mission-là», a-t-il affirmé à son arrivée à la réunion du caucus conservateur.

Mais deux anciens militaires consultés par La Presse Canadienne ont réfuté les déclarations de M. Paradis. «C'est bizarre. Ce n'est pas comme ça que ça marche», s'est étonné le major général à la retraite Lewis MacKenzie.

L'ancien commandant des forces de maintien de la paix des Nations unies en Bosnie a lui-même dû ouvrir des corridors humanitaires. Il a affirmé que c'est fait à coups de combats au sol ou de négociations. «Les corridors humanitaires ne peuvent pas être ouverts des airs», a-t-il dit.

Trudeau refuse de condamner Cotler

Le chef libéral Justin Trudeau a minimisé la décision de son député Irwin Cotler de s'abstenir de voter sur la motion du gouvernement. M. Cotler a expliqué mardi qu'il croyait au principe de la responsabilité de protéger de l'ONU, mais que la motion rédigée par les conservateurs était trop vague et qu'elle ouvrait la porte à des frappes contre la Syrie. «Irwin Cotler est un ami, est un membre, un député important du PLC. La réalité, c'est que ça fait plus que trois ans qu'il demande des frappes aériennes en Syrie, mais en même temps il ne pouvait pas appuyer la motion de ce gouvernement. Et il a fait sa décision et je la respecte», a dit M. Trudeau.