L'ancien directeur du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, sera entendu mardi par les enquêteurs de Lille dans l'affaire de proxénétisme dite du Carlton, et devrait être placé en garde à vue, a-t-on appris samedi de source proche du dossier.

Il est convoqué mardi à 09H00 (5h00 HNE) pour y être entendu dans une ancienne caserne de gendarmerie à Lille, a ajouté cette source, confirmant une information du quotidien régional La Voix du Nord sur son site internet.

L'ancien ministre socialiste peut être assisté d'un avocat lors de cette garde à vue, qui peut durer jusqu'à 48 heures, a-t-on précisé de source proche du dossier. La convocation est arrivée en fin de semaine au domicile parisien de Dominique Strauss-Kahn.

Le nom de l'ancien favori dans la course à la présidentielle française a été cité il y a plusieurs mois dans ce dossier de proxénétisme et d'abus de biens sociaux impliquant des hommes d'affaires et des policiers, selon lequel M. Strauss Kahn aurait participé à des parties fines organisées par certains d'entre eux. Plusieurs personnes ont été inculpées dans cette affaire.

DSK avait demandé à plusieurs reprises à être entendu, pour pouvoir se défendre, dans cette affaire. Il pouvait être entendu comme témoin ou placé en garde à vue par les enquêteurs, au vu des éléments pesant contre lui dans ce dossier. S'il permet la présence d'un avocat, le régime de garde à vue reste coercitif, au contraire de l'audition comme simple témoin.

L'ex-patron du FMI en avait formulé le souhait dès la mi-octobre afin de mettre fin à ce qu'il qualifiait d'«insinuations et extrapolations hasardeuses» et «malveillantes». En novembre, ses avocats avaient dénoncé un «véritable lynchage médiatique».

Dominique Strauss-Kahn devrait être interrogé au sujet de parties fines auxquelles il aurait pris part, notamment à Paris et Washington, afin de déterminer s'il savait que les femmes qui y participaient étaient des prostituées.

La question d'éventuelles contreparties à ces soirées, organisées notamment par l'un de ses proches, Fabrice Paszkowski, responsable d'une société de matériel médical, et David Roquet, ancien directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage, devrait également lui être posée.

Selon les avocats des deux hommes, inculpés dans ce dossier, leurs clients ont d'ores et déjà répondu par la négative à cette question.

Si les juges qui enquêtent sur ce dossier estiment qu'il existe des charges sérieuses à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn, il pourrait notamment être poursuivi pour complicité de proxénétisme et recel d'abus de biens sociaux.

Alors champion du Parti socialiste pour la présidentielle de 2012, Dominique Strauss-Kahn avait vu sa carrière brutalement stoppée en mai 2011, après son arrestation pour l'agression sexuelle d'une femme de chambre dans un grand hôtel de New York.

Les charges au pénal avaient finalement été abandonnées, mais il devra affronter un procès au civil aux Etat-Unis et l'affaire avait entraîné une cascade de révélations sur la vie privée de DSK, «ogre sexuel» ou «malade» pour les uns et «victime» d'un complot pour les autres. Lui-même avait reconnu un goût pour «le libertinage» tout en niant tout acte de violence ou illégal.