Le premier procès intenté devant la justice militaire à l'ancien président tunisien Ben Ali et une vingtaine de hauts responsables de son régime s'est ouvert lundi devant le tribunal spécialisé du Kef, une ville du nord-ouest du pays.

Outre le président déchu qui sera jugé par contumace, étant en fuite en Arabie Saoudite, 23 accusés étaient présents à la barre dont deux anciens ministres de l'intérieur et de hauts cadres de l'appareil de sécurité.

Selon le colonel-major Marouane Bouguerra, procureur général directeur de la justice militaire, ils sont accusés d'homicides volontaires et de blessures dans l'affaire dite de Thala et de Kasserine, deux villes du centre-ouest tunisien qui ont enregistré 22 morts et des centaines de blessés lors du soulèvement populaire qui a fait chuter le régime de Ben Ali en janvier dernier.

Ces délits sont passibles de la peine capitale, selon des avocats.

Le procès auquel assistaient un grand nombre de proches des victimes, était entouré de mesures de sécurité renforcées.

Lors de leur interrogatoire, les anciens ministres Rafik Belhaj Kacem et Ahmed Friaâ, ainsi que l'ex-directeur général de la sûreté Adel Tiouiri et l'ex-patron des brigades spéciales connues sous le sigle «BOB», Jalel Boudriga, ont nié avoir donné des instructions pour ouvrir le feu sur les manifestants. L'ancien chef de la sécurité présidentielle Ali Sériati a quant à lui déclaré n'avoir aucune implication dans les événements qui ont ensanglanté ces régions.

À la demande de la défense, le président du tribunal militaire du Kef Chokri Majeri a fixé la prochaine audience au 12 décembre pour l'audition des plaidoieries des avocats des prévenus et de ceux mandatés par les familles des victimes.

Selon le colonel-major Bouguerra, le tribunal militaire de Tunis aura à statuer prochainement sur 138 affaires relatives aux troubles qui ont fait 42 morts et 97 blessés dans plusieurs régions du nord du pays et dans lesquelles 43 personnes sont impliquées dont les responsables qui ont comparu lundi devant le tribunal du Kef. Au cours de l'enquête dans ces affaires qui a duré trois mois et demi, il a été procédé à l'audition de quelque 250 personnes, a-t-il précisé.