Un attentat à la bombe a frappé, hier, un autobus qui traversait Nasr City, un quartier dans le nord du Caire, faisant cinq blessés. Pour la première fois depuis le coup d'État de l'armée contre l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, en juillet dernier, cette attaque visait des civils, plutôt que des membres des forces de l'ordre. Un climat de terreur s'installe progressivement au pays, qui fait face à une montée de violence meurtrière. Quatre mots pour comprendre l'escalade.

Nasr City

Le quartier, situé dans le nord de la capitale, est considéré comme le «nouveau Caire», un endroit peu prisé des touristes. Selon le politicologue Sami Aoun, l'attaque d'hier, qui a fait cinq blessés, confirme une tendance lourde observée au sein de la société égyptienne, depuis que l'armée a destitué le gouvernement islamiste démocratiquement élu: «Les attentats violents se multiplient et un climat de terreur s'installe», dit-il. Face à cette recrudescence de la violence, le général, chef de l'armée, vice-premier ministre et ministre de la Défense, Abdel Fattah al-Sisi, a promis «d'éliminer les terroristes» et de faire revenir la stabilité au pays.

Kamikazes

Plus tôt cette semaine, le groupe terroriste Ansar Beit al-Maqdess a revendiqué l'attentat contre le quartier général de police de Mansoura, qui a fait mardi 15 morts, dont 14 officiers. Ces jihadistes, qui s'inspirent des techniques d'Al-Qaïda, ont été dénoncés par les Frères musulmans, le regroupement politique et militaire dont est issu l'ancien gouvernement Morsi. Malgré tout, quelques heures après l'attaque, des centaines de magasins appartenant à des Frères musulmans ont été incendiés par des manifestants dans le quartier. Depuis la prise du pouvoir par l'armée, le 3 juillet dernier, les attaques terroristes se sont multipliées en Égypte, tuant plus d'une centaine de policiers et plus de 1000 personnes au final, sans compter les milliers d'islamistes qui ont été arrêtés par les forces de l'ordre.

Référendum

Cette escalade de la violence, en Égypte, est entre autres liée à un événement politique majeur, qui viendra changer le pays d'ici quelques semaines. Les 14 et 15 janvier prochain, les Égyptiens seront appelés à voter sur des réformes constitutionnelles, une première étape vers de nouvelles élections démocratiques libres. L'armée proposera ainsi par voie de référendum un projet de loi qui consoliderait son pouvoir et autoriserait les tribunaux militaires à juger des civils. À ce sujet, les organisations de défense des droits de la personne sont inquiètes. Amnistie internationale a d'ailleurs dénoncé ce projet qui «donnerait à l'armée une importante autonomie».

Frères musulmans

Véritable cible de l'armée égyptienne depuis qu'elle a pris le contrôle du gouvernement, les Frères musulmans ont multiplié les attaques et les manifestations contre l'État et les forces de l'ordre. Le parquet égyptien a ordonné, hier, que 18 membres des Frères musulmans soient placés en détention pour «appartenance à une organisation terroriste». Les Frères musulmans sont désormais considérés comme une organisation terroriste. Ils sont touchés par la loi contre le terrorisme, promulguée en 1992, qui permet entre autres des condamnations contre ses membres allant jusqu'à la peine capitale. Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a appelé hier le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, pour dénoncer cette décision.

Sources: Agence France-Presse, RFI et Al-Jazeera