Le nouveau gouvernement égyptien dirigé par Kamal el-Ganzouri a prêté serment mercredi devant le chef du conseil militaire au pouvoir, le maréchal Hussein Tantaoui, a annoncé la télévision d'État.

M. Ganzouri, nommé par l'armée le 25 novembre dernier, a fait face à de multiples difficultés pour former son équipe à la suite de la démission du cabinet dirigé par Essam Charaf, quatre jours plus tôt.

Âgé de 78 ans, le nouveau chef du gouvernement fut déjà premier ministre de 1996 à 1999, sous Hosni Moubarak, ce qui lui vaut l'hostilité de nombreux militants qui ont contribué à faire chuter l'ancien raïs en février.

Peu avant l'investiture, l'armée égyptienne a annoncé qu'elle lui déléguait des prérogatives de président, à l'exception de celles concernant les forces armées et la justice.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir a «délégué» à M. Ganzouri «les prérogatives qui sont accordées au président de la République en vertu de la loi, à l'exception de celles concernant les forces armées et les institutions judiciaires», a indiqué l'agence officielle Mena.

Le détail de ces délégations de pouvoirs sera communiqué ultérieurement, a indiqué l'armée.

Le nouveau ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim Youssef, est un ancien chef de la police de Gizeh, un des plus grands quartiers du Caire.

Il remplace Mansour al-Issaoui, très critiqué après les récents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants hostiles au pouvoir militaire, qui ont fait une quarantaine de morts, principalement au Caire.

Les Finances reviennent à Moumtaz Saïd, qui a déjà fait savoir samedi dernier qu'il était «trop tôt» pour dire si son pays allait recourir à un prêt de 3,2 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) pour surmonter une situation économique difficile. Son prédécesseur, Hazem Beblawi, avait laissé entendre qu'il y était favorable.

Le portefeuille des Affaires étrangères reste entre les mains d'un diplomate de carrière, Mohammed Kamel Amr.

M. Ganzouri avait assuré mardi soir que les militaires s'apprêtaient à lui accorder des pouvoirs plus larges que ceux de ses prédécesseurs, critiqués pour leur manque d'autorité.

Il a appelé «tous les courants et partis politiques» à s'unir pour redresser «la sécurité et l'économie», affirmant que «la situation dans laquelle l'Égypte se trouve actuellement ne satisfait personne».

Un responsable militaire avait affirmé la semaine dernière que la fonte des réserves en devises du pays ne lui permettait plus d'assurer ses importations que jusqu'en février.

L'économie est depuis le début de l'année confrontée notamment à une chute des recettes touristiques et des investissements étrangers.

La formation du gouvernement survient alors que l'Égypte est engagée dans un processus d'élections législatives qui doit durer plusieurs mois, et dont la première phase vient de déboucher sur une victoire écrasante des partis islamistes.

L'armée, au pouvoir depuis la chute de M. Moubarak en février, a quant à elle promis un retour à un pouvoir civil après une élection présidentielle prévue avant la fin juin 2012.