Quatre membres d'une délégation de la Cour pénale internationale (CPI), détenus depuis jeudi en Libye, ont été placés dimanche en détention préventive pour 45 jours, a indiqué à l'AFP un responsable du bureau du procureur général libyen.

« Ils ont été placés en détention préventive pour 45 jours dans le cadre de l'enquête », a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat, sans donner de détails.

Ajmi al-Atiri, le chef de la brigade de Zenten qui détient ces quatre personnes, a indiqué que l'équipe de la CPI, détenue jusqu'ici dans une maison, a été « transférée dimanche vers une prison sur ordre du procureur général ».

Selon la CPI, quatre membres de son personnel sont détenus depuis jeudi à Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, où ils s'étaient rendus pour rencontrer Saïf al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi.

Ils sont accusés d'espionnage pour avoir tenté d'échanger des documents avec Saïf al-Islam qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité durant la révolution libyenne.

Dimanche, le représentant de la Libye à la CPI Ahmed Jehani avait précisé que seulement deux membres de l'équipe : l'avocate australienne Melinda Taylor et son interprète libanaise, Helen Assaf, avaient été arrêtées, tandis que deux hommes, un Russe et un ressortissant espagnol, sont restés avec elles de leur propre gré.

M. Atiri n'a pas expliqué pourquoi les deux hommes ont été transférés également en prison ou si des charges ont été retenues contre eux.

Il a ajouté par ailleurs que les autorités faisaient « pression » sur sa brigade pour relâcher les détenus. Mais il a affirmé qu'elle n'avait pas l'intention de les libérer, vu que les « preuves » contre eux étaient « évidentes ».

De son côté, le porte-parole du gouvernement de transition, Nasser al-Manaa, a affirmé que « les relations de la Libye avec la communauté internationale et la CPI ne se feraient pas aux dépens des intérêts suprêmes de la Libye » et ne justifient pas de « permettre des failles à la sécurité ou des menaces à la sécurité nationale ».

Cité par l'agence libyenne Lana, M. Manaa a ajouté que les autorités s'attendaient à une « coopération » de la CPI dans cette affaire.

« Nous attendons les résultats de l'enquête menée par le bureau du procureur général, et à la lumière de (ces résultats) nous allons prendre les mesures nécessaires », a-t-il ajouté, précisant que la justice libyenne travaillera en « toute impartialité » et « dans le respect du droit international ».

Mme Taylor est l'assistante du chef du Bureau du conseil public pour la défense (OPCD), Xavier-Jean Keïta, désigné par la CPI, qui représente pour le moment Saïf al-Islam.

La délégation de la CPI, qui compte des membres du greffe chargés de discuter avec Saïf al-Islam de l'option de désigner un avocat de son choix, s'était rendue en Libye mercredi, a précisé la CPI.

Le président de la CPI, le juge Sang-Hyun Song, avait exigé samedi la libération « immédiate » des personnes détenues, exprimant sa préoccupation pour leur sécurité, « en l'absence de tout contact avec eux ».

Les autorités libyennes, qui souhaitent juger elles-mêmes le fils du dirigeant déchu, ont déposé le 1er mai une requête contestant la compétence de la CPI pour poursuivre Saïf Al-Islam, seul fils de l'ancien dirigeant à être détenu en Libye, après son arrestation en novembre dans le sud du pays.