L'autopsie en Turquie des corps de trois victimes de l'attaque mardi en Syrie «établit» un recours à des armes chimiques utilisées par le régime de Bachar al-Assad, a affirmé jeudi le ministre turc de la Justice.

«Des autopsies ont été réalisées à Adana (sud de la Turquie) sur trois corps ramenés d'Idleb. Ces autopsies ont établi que des armes chimiques avaient été utilisées», a déclaré Bekir Bozdag, cité par l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

«Cet examen scientifique établit également que (Bachar al-)Assad a utilisé des armes chimiques», a ajouté le ministre turc, sans préciser sur quels éléments reposait cette accusation.

Les corps examinés sont ceux de trois adultes âgés de 25, 26 et 35 ans, a indiqué le parquet d'Adana dans un communiqué.

Au moins 86 personnes, dont 30 enfants, ont été tuées lors d'un raid mené mardi sur Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle d'Idleb (nord-ouest de la Syrie).

Selon M. Bozdag, les trois corps ont été autopsiés à Adana avec la «participation» de médecins légistes turcs et de représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Interrogé par l'AFP à Genève, un porte-parole de l'OMS a confirmé qu'«une personne de l'OMS était là au moment de l'autopsie», mais a souligné qu'elle n'avait eu «aucun rôle dans ce qui est de l'autopsie et de l'investigation».

L'OMS «n'a pas pris d'échantillons», a ajouté le porte-parole, Tarik Jasarevic. Le parquet d'Adana avait affirmé avoir transmis, «à leur demande», des échantillons à l'OMS et à l'OIAC.

Quelque 60 personnes blessées pendant cette attaque chimique présumée sont actuellement soignées en Turquie, frontalière de la Syrie, a rapporté jeudi l'agence de presse Dogan.

Les examens, qui ont duré près de trois heures, selon Anadolu, ont été enregistrés par des caméras, et des échantillons ont été récoltés par les autorités turques, a indiqué Anadolu.

La Turquie et d'autres pays, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont désigné le régime du président Assad comme le responsable de cette attaque.

Mercredi, le chef de l'État turc avait déjà accusé «Assad l'assassin» d'être responsable de cette attaque qui a suscité l'indignation dans de nombreux pays.

Mais Moscou, qui soutient Damas, a affirmé mercredi que l'aviation syrienne avait bombardé un «entrepôt» des rebelles contenant des «substances toxiques». En explosant, ces dernières se seraient disséminées dans l'atmosphère.

La nature des substances chimiques n'a pas été formellement identifiée.

Les médecins qui ont fourni les premiers soins ont relevé tous les symptômes d'un nuage chimique: pupilles dilatées, convulsions, mousse sortant de la bouche.

L'OMS avait précisé avant les autopsies que certaines victimes présentaient des symptômes évoquant une exposition à une catégorie de produits chimiques «comprenant des agents neurotoxiques».