Les rebelles syriens et les émissaires de Bachar al-Assad étaient tout près d'aboutir à une déclaration finale mardi, au deuxième jour de pourparlers de paix à Astana centrés sur le renforcement d'un fragile cessez-le-feu sur le terrain.

Cette déclaration finale, si elle est conclue, ne sera toutefois pas signée par les deux délégations, mais simplement présentée par les parrains de la rencontre, la Russie et la Turquie, et possiblement l'Iran, selon un porte-parole des rebelles, Yehya al-Aridi. «Elle n'a pas vocation à être signée par les parties. Il s'agit d'une déclaration générale», a-t-il précisé.

Les deux groupes se sont retrouvé mardi en début d'après-midi à l'hôtel Rixos d'Astana pour la deuxième journée de ces premiers pourparlers depuis le début de la guerre entre des représentants du régime syrien et des chefs rebelles, à la tête de milliers de combattants et contrôlant effectivement des territoires.

«Si les choses se passent bien, comme prévu, aujourd'hui sera le dernier jour» des négociations à Astana, a indiqué à l'AFP M. Aridi, confirmant que les pourparlers seraient cette fois encore «probablement» au format indirect, autrement dit via le médiateur et envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.

La première journée de ces négociations parrainées par la Turquie, soutien des rebelles, et par la Russie et l'Iran, alliées de Damas, s'était terminée lundi sans avancée apparente ni annonce tangible.

Si la Russie a considérablement modifié la donne en Syrie en lançant son intervention militaire à l'automne 2015, permettant notamment à l'armée de Bachar al-Assad de chasser les rebelles d'Alep fin 2016, sa plus grande victoire depuis le début de la guerre, ses initiatives en faveur de l'instauration d'une paix durable se heurtent à davantage de difficultés.

Les membres de la délégation rebelle à Astana ont ainsi décidé lundi à la dernière minute de ne pas négocier face à face avec les émissaires du régime, mais dans des pièces séparées à l'aide d'un médiateur, bien qu'ils se soient assis à la même table lors de la cérémonie d'ouverture.

L'envoyé spécial de l'ONU a néanmoins indiqué mardi que les deux camps étaient «proches» d'une déclaration finale, qui devrait porter sur la création de mécanismes de surveillance et de consolidation du cessez-le-feu, instauré le 30 décembre, qui a conduit à une réduction de la violence malgré des violations régulières.

«Violations répétées»

Le meneur de la délégation rebelle, Mohammad Allouche, avait d'emblée insisté lundi sur le «gel des opérations militaires» et l'amélioration de l'accès à l'aide humanitaire pour la population civile.

Les rebelles exigent également l'arrêt des hostilités à Wadi Barada, zone clé pour l'approvisionnement en eau de Damas, où des combats se sont encore déroulés dans la nuit de dimanche à lundi.

«Le principal obstacle au succès de ces négociations sont les violations répétées (de la trêve) et la menace de déplacements forcés dans certaines zones», a affirmé mardi à l'AFP un porte-parole rebelle, Ossama Abou Zeid.

Le principal négociateur du régime, Bachar Jaafari, a pour sa part insisté sur la création d'un «processus politique» et le ralliement des rebelles à la lutte contre les jihadistes de l'État islamique et du front Fatah al-Cham (ex-Front al-Nosra, Al Qaïda en Syrie).

Les deux camps s'opposent également sur le rôle des parrains des négociations.

Un membre de la délégation rebelle a déclaré lundi à l'AFP que son groupe était d'accord pour que la Russie soit un des garants de la trêve actuelle, mais pas l'Iran, dont les milices combattent aux côtés des forces gouvernementales.

Les émissaires du régime ont de leur côté affirmé qu'ils refuseraient de tenir des discussions de haut niveau avec la Turquie ou de signer un document final portant la signature d'un responsable turc.

Les rebelles syriens ont en outre fait savoir qu'ils reprendraient le combat en cas d'échec des négociations, destinées en principe à servir de base aux pourparlers sous l'égide de l'ONU à Genève le 8 février.

Jusqu'à présent, les pourparlers ont tous échoué à mettre fin au conflit en Syrie qui a fait plus de 310 000 morts depuis 2011.

Parallèlement, une conférence sur l'urgence humanitaire en Syrie doit avoir lieu mardi à Helsinki en présence du patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien et du Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi.