La principale composante de la rébellion syrienne a menacé de bombarder dès jeudi le mouvement Hezbollah au Liban accusé de tirer sur des localités rebelles en Syrie, une escalade sans précédent qui fait de nouveau craindre un débordement du conflit syrien.

Cette menace a été proférée, dans une déclaration mercredi à l'AFP, par le général Selim Idriss, chef d'état-major de l'Armée syrienne libre (ALS), qui a maintes fois accusé dans le passé le mouvement armé chiite libanais Hezbollah de combattre au côté du régime de Bachar al-Assad, son allié indéfectible.

Mais c'est la première fois qu'il est fait état de bombardements du mouvement à partir du Liban vers la Syrie voisine.

«Ce qui est nouveau c'est que le Hezbollah a commencé à bombarder les villages autour de Qousseir à partir du territoire libanais et nous ne pouvons pas l'accepter», a-t-il dit, en soulignant avoir «la preuve que le Hezbollah envoie ses combattants (...) épauler l'armée d'Assad».

Le général Idriss a fait état de tirs à partir du village libanais de Zeita, dans la plaine de la Békaa. La région de Qousseir est proche de la frontière.

«Nous avons annoncé hier que si cela ne cessait pas dans les 48 heures, l'ASL répondrait aux sources des tirs. Au terme des 48 heures, c'est-à-dire jeudi, l'ASL à Qousseir répondra aux sources des tirs et nous mobiliserons aussi les combattants équipés d'armes de longue portée dans d'autres régions», a-t-il averti.

En 2012, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé que des membres de son parti combattaient les rebelles syriens, mais à titre individuel. Le mouvement publie ainsi de temps à autre des communiqués annonçant la mort d'un de ses combattants dans «l'exercice de son devoir jihadiste».

Dimanche, le puissant mouvement a indiqué que trois Libanais chiites avaient été tués dans des combats contre les rebelles en Syrie, se refusant à préciser s'il s'agissait de membres du parti qui domine avec ses alliés le gouvernement libanais.

Le même jour, le Conseil national syrien (CNS), l'une des principales composantes de l'opposition, a accusé le Hezbollah d'avoir lancé samedi «une attaque armée» sur Qousseir.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ces Libanais sont membres des Comités populaires pro-régime et ont été entraînés par le Hezbollah.

Les rebelles sont en grande majorité sunnite alors que le clan Assad est de confession alaouite, une branche du chiisme.

Le Liban, qui a vécu pendant trois décennies sous la tutelle syrienne, est divisé sur ce conflit entre le Hezbollah et l'opposition qui appuie la rébellion.

Les Etats-Unis s'étaient inquiétés du fait que le «chaos» en Syrie ne permette au Hezbollah de mettre la main sur des armes du régime Assad, notamment chimiques.

Israël, qui craint que des armes syriennes soient transférées au Hezbollah, a revendiqué à demi-mot un raid aérien le 30 janvier, près de Damas, qui a visé un convoi de missiles sol-air et des bâtiments soupçonnés d'abriter des armes chimiques selon des sources américaines.

Sur le terrain, la guerre faisait rage sur de nombreux fronts en Syrie avec la mort de 107 personnes mercredi selon un bilan de l'OSDH, alors que Moscou a averti rebelles et régime qu'une poursuite du conflit mènerait à «une destruction mutuelle».

Pour la deuxième journée consécutive, Damas a été la cible d'obus de mortier qui sont tombés sur un complexe sportif où un footballeur a été tué et quatre blessés selon un responsable.

Dans la province de Damas, les rebelles ont abattu un avion de combat de l'armée après la mort de 20 personnes, dont des femmes et des enfants, dans un raid aérien dans le secteur, selon l'OSDH.

Sur le front d'Alep (nord), les combats continuaient d'opposer soldats aux rebelles près des bases aériennes et de l'aéroport international, a précisé l'ONG.

Selon l'ONU, plus de 70 000 personnes sont morts dans le pays en près de deux ans de conflit déclenché par une révolte populaire durement réprimée.